Idées fausses

 Entendu il y a quelques jours sur France Inter: l’eau est très mal partagée, les américains et les européens en consommant beaucoup plus que les africains. La deuxième partie de la proposition est juste, mais elle n’a rien à voir avec la première: ce n’est parce qu’elle est mal partagée que certains ont plus d’eau que d’autres, les américains ne détournent pas le fleuve Congo pour utiliser son eau!

 

 J’ai lu Samir Amin quand j’étais jeune étudiant et j’ai trouvé intéressant et même convaincant son concept du centre et de la périphérie mais plus le temps a passé, plus j’ai abandonné l’idée que les pays développés ont réussi à l’être parce qu’ils ont pillé le tiers monde. Je ne dis pas qu’ils ne l’ont pas fait, je dis simplement que ce n’est pas ainsi qu’ils se sont développés. Ce n’est pas le pillage colonialiste qui a permis le développement de l’Europe et de l’Amérique du Nord, ce sont les investissements, les progrès techniques et organisationnels et les initiatives des entrepreneurs.

 De même que le pillage de l’or d’Amérique du Sud n’a pas permis le développement économique de l’Espagne (il l’a plus probablement ruinée), de même les aventures coloniales de pays comme l’Angleterre, la Belgique ou la France leur ont probablement plus coûté que rapporté. On observera d’ailleurs que les deux puissances qui ont émergée au XIXème siècle, l’Allemagne et les USA, n’avaient pas de colonies.

 Ce n’est pas en se retirant du système économique mondial pour ne plus être pillés, comme le pensaient certains, que les pays les moins avancés pourront se développer. Les pays d’Asie ont montré que c’est au contraire en s’insérant dans le système d’échanges mondiaux qu’il est possible de décoller. L’Afrique noire est d’autant plus mal partie qu’en réalité sa place est si faible que les autres continents peuvent s’en passer. Ce n’est pas en partageant mieux l’eau avec les pays développés que les africains en auront, c’est en mettant en place des systèmes de gestion de l’eau. C’est de technique, de techniciens, d’investissements, d’entretien des systèmes existants dont ces pays ont besoin.

 Nouvelle idée reçue ce jour à la radio : le journaliste parlait de la contamination de viande vendue par des grandes surfaces pour expliquer que tout cela, c’est la faute à l’argent roi ! Comme si l’industrialisation des circuits alimentaires et les règles très sévères d’hygiène et de contrôles n’avait pas fait baisser radicalement les intoxications alimentaires qu’on connaissait autrefois, et pas seulement les simples maux de ventres, les décès !