Le sous titre de cet ouvrage de Cahuc et Algan « pourquoi le modèle social français s’autodétruit » montre l’importance du sujet traité. Les conséquences de la défiance inhérente à notre modèle social s’expriment en retard économique et tout simplement au niveau du bonheur ressenti par nos concitoyens. L’ouvrage a été édité par le CEPREMAP dont le directeur est Daniel Cohen et le responsable des programmes Philippe Askenazy.
La thèse des auteurs est assez simple et s’organise en quatre parties :
Notre pays est parmi les pays développés un de ceux dans lequel les citoyens ont le moins confiance dans leurs institutions comme dans concitoyens. Corrélativement, on y manifeste peu de civisme
Cet état de fait date de l’après seconde guerre mondiale
Il est directement lié à la mise
en place d’un système à la fois fortement étatiste et corporatiste
Cette défiance à un coût direct tant économique que sur le bonheur de vivre. Il faut donc s’attaquer à l’étatisme et au corporatisme pour recréer la confiance
La première partie est développée à partir de forces enquête et de schéma et n’attire pas de contestation. Un exemple parmi d’autres : on a « perdu » dans différentes capitales des portefeuilles contenant l’équivalent de 50 dollars et avec l’adresse du propriétaire bien en évidence. On compte combien reviennent. En Italie, seuls 28 des portefeuilles sont restitués et dans les pays nordiques 100%…
La seconde partie qui essaie de dater le phénomène est sans doute la moins convaincante. On sent que les auteurs sont partis de l’hypothèse que la seconde guerre mondiale constituait un tournant. L’étude faite va en effet dans ce sens mais il me semble qu’elle mériterait d’être complétée du point de vue historique. Ceci dit, cela ne change pas à mon sens la thèse générale.
La troisième partie est convaincante car on comprend bien comment le corporatisme peut créer du sentiment d’injustice. On notera parmi les éléments de corporatisme la constitution des grands corps de l’Etat.
La dernière partie, très concrète, vient assez naturellement à la suite des précédentes ; On y retrouve certaines idées déjà développées par Pierre Cahuc. Personnellement je m’y retrouve très bien, ce qui explique aussi sans doute mon intérêt pour cet ouvrage.
Il me semble qu’il serait
possible d’aller plus loin à partir des idées développées. On sait notamment à
quel point le fonctionnement de l’Etat est basé sur la méfiance, les procédures
d’appel d’offres en étant un exemple frappant. Mais on peut aussi examiner
l’Education Nationale sur ce critère : alors que dans d’autres pays (par
ex les USA) on encourage les élèves et ont met en valeur leur réussite, en
France, on insiste sur les échecs. N’y a t’il pas là aussi une des raisons de
« la haine » qui agite certains jeunes de banlieue ?
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