Le Monde consacre ce mardi une chronique sur le nombre de recrutement de fonctionnaires dans les prochaines années et l’auteur y révèle une incompétence confondante qui l’amène à faire en conclusion l’hypothèse que « le mandat présidentiel de N Sarkozy pourrait rester dans l’histoire de la 5ème République comme celui pendant lequel le plus grand nombre de fonctionnaires aura jamais été recruté ».
Sous la plume d’Antoine Reverchon, on lit dans le supplément Economie daté du 4 décembre 2007 que le « nombre de départs en retraite va grimper de façon vertigineuse ces prochaines années », avec 385 000 départs prévus. Même en n’en renouvellant que la moitié, le gouvernement devra faire appel à près de 40 000 personnes par an, alors qu’il y en a eu 46 000 recrutés en 2004.
Peut être l’auteur aurait il dû se demander quel était le rythme précédent avant d’écrire des âneries. En 2003, d’après le rapport Pébereau, la fonction publique d’Etat comptait 2 543 351 agents. Par définition, ceux-ci avaient été recrutés pendant les 37.5 années précédentes, ce qui fait un rythme annuel moyen d’environ 67 800 personnes (sous estimés puisqu’il y a eu des décès ou d’autres départs).
L’erreur du journaliste a une cause bien connue : l’idée qu’il va y avoir des départs massifs de fonctionnaires dans les dix prochaines années a été répétée à satiété, sans qu’on précise d’ailleurs quand commençaient les dix années en question. Et le discours sur les cohortes nombreuses du baby boom donne à chacun le sentiment qu’il y a eu un nombre exceptionnel de naissances dans les quelques années qui ont suivi la Libération.
Or la vérité est assez différente : le nombre de naissances a été en effet nettement plus élevé en 1945 que dans les années précédentes. Mais le rythme atteint, autour de 850 000 par an, s’est prolongé durant 30 ans, avant de diminuer assez sensiblement pour rester autour de 750 000 par an à partir de 1975.
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