5 millions de voix perdues depuis le 22 avril, 7 candidats seulement encore en liste au deuxième tour, ces deux nombres illustrent l’échec de la stratégie de François Bayrou, échec encore plus marqué qu’on pouvait le prévoir
François Bayrou, Jean Lassale et Jean Christophe Lagarde devraient retrouver leur siège alors que Gilles Artigues 3ème est perdu. Trois autres candidats se retrouvent au deuxième tour, contre un candidat sortant de l’UMP : Thierry Benoit avec 20.21% en Ile et Vilaine, Jean Marie Cavada avec 22.27% dans le Val de Marne et Elisabeth Doineau avec 19.35% dans la Mayenne . Leur adversaires ont obtenu respectivement 37.25% , 44.40%et 43.26%. Le premier peut l’emporter dimanche, les autres aussi en théorie mais c’est peu probable. Trois ou quatre députés Modem seront donc élus dimanche.
Les autres sortants de l’UDF ont préféré ne pas sacrifier leur siège, comme Anne Marie Comparini, au pari de leur leader. On peut bien sûr les traiter de traîtres. Ou noter que François Bayrou était bien léger de leur demander de prendre un risque élevé pour ses choix aventureux.
Dès le 9 mars, je notais sur ce blog que presque tous les députés UDF l’avaient emporté en 2002 sans adversaire UMP.
Le 9 avril, j’expliquais que le très bon score prévu pour François Bayrou allait l’empêcher de faire ce qu’il aurait du faire : négocier son ralliement à N Sarkozy au deuxième tour contre des ministères clés, des circonscriptions, des modifications du programme et un zeste de proportionnelle. Il aurait pu avoir 50 députés mais il a préféré laisser la proie pour l’ombre. Je pronostiquais déjà que les députés UDF ne le suivraient pas.
Le 23 avril, avec « Victoire à la Pyrrhus pour Bayrou ?», je faisais l’hypothèse qu’il ferait le choix de l’autonomie et je montrais qu’il risquait de n’être que troisième dans la plupart des circonscriptions, ce qui ne lui donnerait que peu de chances de gains.
Le 27 avril, je constatais la rupture entre un Bayrou agissant en solitaire et la plupart des députés de son groupe.
Le 10 juin, les résultats montrent une forte bipolarisation. En réalité, le Modem a été victime de 3 phénomènes :
la perte attendue et inévitable d’une partie des suffrages de la présidentielle, retournés à leur camp d’origine à droite ou à gauche,
la faible implantation de beaucoup de ses candidats
le vote utile
Il y a en effet un vote utile dans ce scrutin, qui a généralement défavorisé les petites formations, sauf quand elles avaient un candidat crédible. C’est pourquoi Marine Le Pen a amélioré le score de 2002 du FN ou que certains candidats du Modem (à Paris notamment) n’ont perdu qu’un quart (De Sarnez) ou un tiers (De St Etienne) des voix de Bayrou, contre environ 60% en moyenne nationale.
Au final, l’échec du Modem est nettement plus fort que ce à quoi on aurait pu s’attendre : il réunit moins de 8% des voix quand on pouvait s’attendre à 12 ou 14 % au lendemain de l’élection.
Cette base ne lui permet pas de compenser l’absence d’un groupe parlementaire. D’autant que les municipales prochaines vont jouer pour les élus locaux le même rôle que les législatives ont joué pour les députés. C’est le Nouveau Centre qui va se renforcer progressivement. Mais il n’aura pas l’autonomie qu’une UDF aurait pu avoir
En 2002, François Bayrou et ses amis ont réussi à sauver l’autonomie de l’UDF contre la création de l’UMP. C’est le même François Bayrou qui a démoli en quelques mois le succès d’il y a cinq ans. Il a été, comme les héros grecs, victime de l’ »ubris », parce que les foules qui se pressaient à ses meetings lui ont fait croire que c’était arrivé, comme elles ont fait croire à Ségolène Royal que les sondages mentaient
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