A
l’heure où la montée de Bayrou dans les sondages suscite chez certains de mes
camarades scepticisme et critiques de diverses natures, je voudrais revenir sur
le soutien accordé par Christian Blanc au candidat de l’UMP.
D’aucun
voient en ce soutien un moyen pour le député des Yvelines d’assurer sa
réélection. Il faut peut être rappeler à ce sujet dans quelles conditions
l’ancien négociateur des accords de Matignon a été élu : Anne Marie Idrac,
élue de la 3ème circonscription avec l’étiquette UDF étant nommée
PDG de la RATP, une élection partielle est organisée en novembre 2002. La
sortante avait battu assez largement son concurrent UMP, le maire de la principale
ville, avec 34% contre 31 % des voix au premier tour puis 58% contre 42% au
deuxième.
Malheureusement,
l’UDF n’a pas sur place de candidat crédible. F Bayrou fait faire un sondage
qui lui montre que tout candidat local serait battu face au candidat UMP, mais
qu’un Christian Blanc aurait une chance de gagner. Il sollicite donc l’ancien
PDG d’Air France qui pulvérise au premier tour le score d’Anne Marie Idrac avec
46.4% des voix contre 30.7 % au candidat UMP. Juppé trouve plus prudent de
demander à son poulain local de se retirer pour le deuxième tour. Mais après
cet épisode, on ne comprend pas bien pourquoi C Blanc, maintenant député
sortant et implanté sur place aurait besoin de quémander le soutien de
l’UMP !
Mais
surtout, penser que le président d’Energies 2007 veut simplement préserver sa
place est vraiment mal le connaître et ignorer les raisons qui l’ont poussé à
abandonner ses activités et à se lancer dans la politique active : la
conviction que notre pays s’enfonçait et qu’il avait besoin de se réformer en
profondeur pour repartir de l’avant.
C’est
là qu’il faut revenir à François Bayrou et à son souhait de dépasser les
clivages droite / gauche. Les questions qui viennent aussitôt à l’esprit, sont
pourquoi et pourquoi faire ?
Pourquoi ?
Il y aurait de bons arguments, à partir du rejet par beaucoup de français de la
classe politique, rejet qui s’est manifesté le 21 avril 2002 et le 29 mai 2005
ou dans ce sondage du CEVIPOF, rejet qui menace notre démocratie. Mais à
écouter le président de l’UDF, on a trop souvent l’impression que sa priorité
est de sauvegarder l’existence de son parti, notamment par l’instauration de la
proportionnelle. Pour Christian Blanc, fils de résistant et dont les héros
politiques sont Mendès France et Charles de Gaulle, il n’est pas question de
revenir aux petits jeux de partis de la 4ème République.
Pourquoi
faire ? Les positions modérées reconnaissent sans doute la complexité des
réalités mais peut on faire une bonne politique avec du centrisme mou ? Le
discours « ni droite ni gauche » de Christian Blanc se complète d’un
« en avant » ! Son idée est qu’il est nécessaire et possible de
mobiliser les ¾ des citoyens pour des réformes de fond, comme il l’a fait à Air
France, pour réformer l’entreprise de la cave au grenier.
Alors
que beaucoup de militants de l’UDF, conscients en particulier des limites de
leur candidat dans le domaine économique, rêvaient d’un ticket Bayrou Blanc, le Béarnais n’a pas su intégrer à son
programme les idées de l’ancien patron de la RATP. On constate ainsi qu’il
parle moins des pôles de compétitivité que Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy !
Pour
les militants d’Energies 2007, dont certains rêvaient de voir leur président
candidat aux présidentielles, le soutien du député des Yvelines à Sarkozy n’est
pas reçu de gaîté de cœur. S’il semble avoir adopté les idées de Christian
Blanc sur l’économie de l’innovation, le ministre de l’intérieur, beau cumulard
s’il en est, n’est certainement pas non plus un partisan de la régionalisation
(surtout quand la plupart des régions sont tenues par la gauche !). Ceux
qui ont suivi depuis 5 ou 6 ans l’ancien PDG d’Air France n’ont pour beaucoup que méfiance pour les grandes machines
électorales du PS ou de l’UMP. Sans compter que certains viennent de la gauche.
Il
leur faut pourtant admettre qu’il n’y a pas de perspectives alternatives. Si
Energies 2007 ne s’est pas suffisamment développé pour peser dans le débat,
c’est d’abord parce que dans notre système médiatique et politique c’est
extrêmement difficile, mais c’est aussi parce que son leader n’est pas un homme
politique traditionnel. C’est un piètre débatteur de télé, ennemi des petites
phrases et très méfiant à l’égard des journalistes. Comme il trouve plus utile de
proposer des réformes que de critiquer les autres, il n’apparaît pas comme intéressant
pour les médias. Certains pensent qu’il aurait du chercher à prendre le
leadership au sein de l’UDF. Au-delà du fait que c’est sous estimer le
verrouillage de la maison et largement surestimer la capacité manœuvrière des
militants d’Energies 2007 (qui sont généralement assez naïfs en politique),
c’est surtout oublier que l’objectif du député des Yvelines n’est pas de créer
du conflit, mais de servir l’intérêt général.
Je
discutais il y a quelques jours, dans le cadre de mes activités
professionnelles avec un directeur d’administration centrale que je voyais pour
la deuxième fois et qui ne connaît certainement pas mes engagements politiques.
A un détour de la conversation, il a évoqué les changements menés par l’ancien
PDG d’Air France dans cette entreprise. Pourquoi ? Parce que aujourd’hui
encore il n’y a pas au sein de l’Etat d’autres exemples de grande réforme que celles
menées à la RATP et à Air France. Alors, je ne sais toujours pas pour qui je
vais voter, mais je garde une confiance inébranlable envers celui qui a
installé durablement la paix civile en Nouvelle Calédonie.
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