A l’approche des élections législatives du 6 décembre, la situation est extrêmement tendue au Venezuela, où plusieurs leaders de l’opposition ont été jetés en prison. Le pays cherche manifestement le conflit avec son voisin colombien alors que la chute du prix du pétrole révélè la gabegie qu’a été la gestion du régime depuis plus de 15 ans.
Hugo Chavez a été élu pour la première fois le 6 décembre 1998 et n’a pas quitté le pouvoir jusqu’à son décès le 5 mars 2013, son dauphin Nicolas Maduro lui succédant jusqu’à aujourd’hui. Sa gestion « socialiste » est sensée profiter aux plus pauvres, ce qui selon ses soutiens, explique la réaction de le bourgeoisie.
Mais cette gestion doit avant tout être analysée au regard de ce qui représente la principale ressource du Venezuela : le pétrole. Le pays possède les plus grandes réserves du monde, mais d’un pétrole lourd, donc difficile à exploiter. Il représente depuis longtemps plus de 90% des exportations du pays, environ la moitié des recettes budgétaires, entre le quart et le tiers du PIB selon son cours. Le pays est donc évidemment concerné par la « maladie hollandaise ».
Dans les années 90, le prix du baril est assez stable autour de 20 dollar le baril. Au moment de la première élection de Chavez, en décembre 1998, le baril de Brent, qui était encore à 19,1 dollar en novembre 1997, arrive au bout de la longue chute qu’il a connue pendant toute l’année 1998 et se trouve à 9,9$, entrainant une forte récession. Heureusement pour le régime, le baril remonte ensuite : il est à 19$ en juillet et à 25.4$ en décembre.
Le régime profite ensuite de la montée des cours : les 30 $ sont atteints début 2003, les 40 en août 2004, les 50 en mars 2005, et les 100 en mars 2008. La chute de 2009 n’est que provisoire et les cours se maintiennent au-dessus de 100$ de février 2011 à août 2014. Mais depuis, c’est la chute : le prix est divisé par deux en quelques mois.
Or, le régime a eu des conséquences déplorables sur l’économie. Faute d’investissements, la production pétrolière est passée de 221 MTEP en 2000 à 199.3 en 2012. Il est vrai qu’on a utilisé la compagnie pétrolière à toutes les sauces pour acheter la paix sociale et les élections. Mais maintenant, il n’y a plus d’argent pour distribuer frigo et écrans plats avant les élections…
Par ailleurs, la criminalité a explosé : 4550 personnes tuées en 1999 et 19336 en 2011. Cela signifie qu’un décès sur 7 fait suite à un meurtre (1 sur 800 en France…).
L’inflation est hors contrôle et plus personne ne sait ce que vaut réellement la monnaie. Après les années d’euphories sur les cours du pétrole pour les pays producteurs, comment peut-on lire une phrase pareille à propos du Venezuela : Les revenus pétroliers servent pour l'essentiel aux remboursements de la dette à l'égard des créanciers internationaux ?
Avec un baril qui est encore 4 fois plus élevé qu’à l’arrivée de Chavez au pouvoir, 2 fois plus que dans la décennie précédente, comment le pays peut-il être au bord de la faillite, sinon par une gestion calamiteuse ?
A propos, un pays vivant notamment de la rente énergétique, dont le président en exercice est arrivé au pouvoir à la fin des années 90, qui a fait sa popularité sur l’argent du gaz et du pétrole et qui pour la maintenir attaque un de ses voisins et emprisonne ses adversaires politiques, cela ne vous rappelle pas quelque chose ?
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