Le non proposé aux Grecs par Alexis Tsipras est conforme à la position sur laquelle il a été élu : le refus. Au-delà du refus de l’austérité, c’est le refus de payer les dettes de son pays dont il s’agit aujourd’hui. Mais la dégradation de la situation économique de la Grèce depuis 6 mois risque de la conduire à d’autres potions amères
Si les Grecs ont porté au pouvoir la gauche radicale, c’est parce que la potion qu’ils ont absorbée ces dernières années était particulièrement amère avec des baisses massives des salaires et des pensions, de nombreux licenciements de fonctionnaires, un chômage massif …
Je lisais encore ce jour dans mon journal favori les critiques portés par de nombreux économistes en Europe ou ailleurs sur la position des européens. Il n’y a pas de doute sur le fait que ce qui a été fait en Grèce était une mauvaise solution. Des remarques du même type ont été faites pour sans doute la totalité des politiques menées ici, là ou ailleurs par le FMI.
Mais la réalité est que quand un pays se retrouve avec un déficit de 15 % du PIB et que plus un seul créancier privé ne veut lui prêter, il n’y a pas de bonnes solutions, il n’y en a que des mauvaises ! (Les français seraient d’ailleurs bien avisés de prendre les moyens de ne pas se retrouver un jour dans une situation de ce type). L’alternative à l’aide du FMI, qui exige un retour progressif à l’équilibre, c’est le retour immédiat à l’équilibre, par la force des choses, ce qui se traduit concrètement par le non-paiement des salaires des fonctionnaires pendant plusieurs mois et une économie bloquée parce que l’Etat ne peut pas payer ses fournisseurs ou les paye avec beaucoup de retard.
Je ne crois pas trop à la sortie de l’euro pour la Grèce, même en cas de victoire du non, car comme cela a été remarqué, ce n’est pas prévu par les traités. Le vrai risque est que la BCE arrêtant d’alimenter les banques grecques, ou ne le faisant que dans des conditions très strictes, l’Etat grec, qui est déjà en défaut envers ses créanciers internationaux, ne puisse plus payer les salaires et les pensions dans les délais. On peut par exemple essayer de deviner combien de temps tiendrait le gouvernement actuel si dans un mois il ne verse que 90% du salaire mensuel des fonctionnaires (même s’il promet de verser le solde plus tard). Ou qu’il leur donne des promesses de paiement (ce qu’on avait appelé les IOU (je vous dois) en Argentine).
Syriza a été porté au pouvoir sur la promesse que le renoncement à l’austérité permettrait le retour à la croissance. En pratique, le FMI vient de revoir ses prévisions pour 2015 en les faisant passer de 2.5% à 0 % et tient le gouvernement pour responsable de ce changement.
Je n’ai pas suivi dans le détail le programme et la politique du gouvernement actuel mais mon sentiment est qu’il manque singulièrement d’idées concrètes pour relancer la machine (autres bien entendu que de dépenser plus). Le refus ne suffit pas, où sont les actions constructives ? Dire que tout est politique est peut être bien pour négocier, mais cela ne suffit pas à faire une action gouvernementale qui traite les problèmes immenses du pays.
Que vont faire les partenaires européens de la Grèce après le résultat de dimanche ? Dans un article de lundi, Jean Pisani-Ferry (que je tiens décidément comme un grand pédagogue et un grand économiste) expliquait :
Aujourd’hui, deux grandes visions s’affrontent sur le sujet de l’Union monétaire. Pour certains, notamment en Europe du Nord, la confiance dans la monnaie dépend avant tout du respect des règles communes : si la Grèce les piétine, l’euro est menacé. Il faut donc trancher : comme disent les Allemands, mieux vaut une fin effrayante plutôt qu’un effroi sans fin.
Pour d’autres, notamment en France, une sortie de l’euro minerait la confiance dans la monnaie, puisque celle-ci serait plus vue comme un arrangement réversible.
J’adore sa conclusion, tant elle est à la fois juste et tellement éloignée des discours habituels :
La difficulté est qu’il y a une part de vérité dans chacune de ces interprétations
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