Les attentats du 7 janvier dont els responsables ont été éduqués en France poussent de nombreux auteurs à s’interroger sur les raisons de leur radicalisation, réflexion qui parait indispensable pour essayer de stopper le phénomène, en n’oubliant pas qu’il n’est ni complétement nouveau, ni propre à la France.
Dans son dernier billet, Samuel constate que ce qui a été présenté par certains comme « l’esprit du 11 janvier » a disparu, si tant est qu’il ait une réalité claire. Il se désole de l’abandon des velléités de revoir la manière dont les populations d’origine maghrébine ou africaine sont traitées chez nous.
Autant je partage le souci de Samuel sur le traitement des descendants d’immigré récents (après tout, nous sommes tous descendants d’immigrés, il suffit de remonter suffisamment dans le temps), autant je suis de moins en moins sûr que cette situation explique le phénomène du djihadisme
Justement, une de mes revues préférées, Sciences Humaines, a ajouté une douzaine de pages sur le sujet à son numéro de mars sur la motivation, qu’on peut encore trouver en kiosque. Des quatre articles, je retiendrais surtout les deux premiers, le troisième ne faisant que les conforter et le quatrième se posant la question plus générale de tuer au nom de Dieu.
Le deuxième article propose quatre modèles explicatifs tout en présentant à chaque fois leur limite : le poids de l’idéologie, celui des organisations et des réseaux, avec leurs objectifs propres parfois très concrets (conflits de territoires, accès aux ressources pétrolières etc .), la thèse de la folie meurtrière (qui n’a manifestement pas convaincu la revue). La quatrième théorie est celle de la « société responsable » évoquée par Samuel, le recrutement djihadiste dans tous l’Occident ne permettant pas une explication par la seule société Française.
J’ai été plus convaincu par le premier article signé par Farhad Khosrokhavar (la revue qui lui donne 6 pages probablement aussi) spécialiste du sujet et auteur d’un récent « Radicalisation ». L’auteur montre comment des jeunes issus des banlieues et vivant « un sentiment profond d’injustice sociale » qui les conduit à la haine de la société. Éprouvant « un intense sentiment de leur propre indignité », ils se justifient à leurs propres yeux par la victimisation. Les plus mal dans leur peau parmi ceux qui passent par la case prison vont y trouver avec l’islam radical un moyen de retourner la situation en faisant d’eux « un chevalier de la foi » et des autres « des impies indignes d’exister ». L’auteur note que la prison permet surtout de murir la haine de l’autre. Et le détenu trouve avec l’islamisme radical « une confiance en lui, en tant que noble individu qui exécute désormais les sentences divines ».
A ce modèle traditionnel, la guerre en Syrie semble en avoir ajouté un autre avec des jeunes issus des classes moyennes et ne semblant pas avoir de problème particuliers. Ceux-là souffrent d’une éducation complétement déstructurée et sont demandeurs de normes et de repères. Pour quelques-uns d’entre eux, le voyage initiatique vers la Syrie est « une quête de pureté dans l’affrontement de la mort au nom du martyr »
L’article de Sciences humaines n’étant pas accessible en entier, on pourra trouver sur le Bondy blog un entretien avec l’auteur qui présente à peu près les mêmes thèmes.
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