Vote FN au plus haut

Le résultat de la législative partielle dans la 4^ème circonscription du Doubs est lu par la plupart des analystes comme celui d’une forte montée du FN. Celui-ci  menace aujourd’hui dangereusement une UMP qui parait à la dérive. Et pourtant, les reports de l’UMP vers le FN ont été moins bons qu’en 2012.

 

Beaucoup de citoyens voient dans le FN le principal opposant au gouvernement (75% dans un sondage en ligne de l’Est Républicain, au lendemain de l’élection) . des sondages le crédite de 30% pour les prochaines cantonales, ce qui serait un véritable tremblement de terre.

 

Que l’UMP prenne enfin conscience du terrible danger qui le menace à sa droite est plutôt une bonne chose. Il n’est pas inutile non plus que tous ceux qui sont attachés au vivre ensemble comprennent le risque d’arrivée au pouvoir d’un parti qui prône la défiance et l’exclusion et propose des choix économiques qui seraient désastreux pour notre pays.

 

Ce n’est pas une raison pour ne pas analyser les résultats du Doubs avec froideur.

 

Le premier tour a été marqué par un FN en nette progression par rapport à 2012 et un UMP qui stagne

La candidate FN passe en effet de 24.47 % en 2012 à 32.60% en 2015

Le candidat UMP passe lui de 26.21 % en 2012 à 26.54 %

 

Le second tour a été marqué par

• une certaine mobilisation des abstentionnistes (+ 9.5%)
• des votes blancs et nuls en nombre (8.2% des votants contre 2.75% au premier tour)
• un gain plus important pour le candidat du PS (+ 8088 voix) que pour la candidate du FN (+ 6259 voix)

 

Il y avait 2271 voix qui s’étaient portées sur les candidats de gauche éliminés et 429 sur des candidats divers droites. Les analystes font l’hypothèse que les voix de gauche et d’extrême gauche se sont reportées sur le candidat PS, mais ce n’est pas sûr : une partie s’est probablement réfugiée dans l’abstention et certains ont voté FN..

 

Dans la commune dont le candidat UMP est maire, il semble que la moitié des voix qu’il a recueillies soient allées sur la candidate FN, un tiers vers le PS et le reste vers l’abstention. Mais le maire avait ratissé large chez lui. On peut penser que le report vers le FN est plus important ailleurs, en particulier dans les villages (à l’opposé des villes).

 

Cependant, le report des voix de droite vers le FN a été insuffisant pour assurer la victoire à l’extrême droite, contrairement à ce que je craignais, au vu de ce qui s’est passé en 2012. Et pourtant, les électeurs pouvaient se défouler pour sanctionner le gouvernement, l’élection d’une troisième députée ne donnant pas plus de pouvoir au FN à l’Assemblée Nationale.

 

Au final, je trouve le premier tour très inquiétant et le second un peu plus rassurant.

 

Il faut noter que c’est vraiment l’UMP qui a besoin de revoir complétement sa stratégie : il ne lui suffit pas d’attendre que le PS perde pour gagner. D’autant plus que la géographie ne lui est pas favorable : le PS est fort dans les grandes villes et faible ailleurs, là où le FN est fort, alors que l’UMP est réparti de manière plus homogène, ce qui ne lui est pas du tout favorable dans un scrutin par circonscription, s’il n’est plus le parti dominant. Il est probable que le retour de Nicolas Sarkozy, avec ses multiples casseroles (en particulier Bygmalion), soit contre-productive pour la droite.