L’INSEE publie sur 272 pages pleine de données l’édition 2015 de ses tableaux de l’économie française, mais c’est aux séries longues sur le mariage, publiées quelques jours auparavant que je me suis penché pour le moment, par exemple pour découvrir que près de 5000 mariages ont eu lieu le même jour que le mien.
La statistique sur le mois du mariage permet d’observer que depuis 1946, les mariages se sont progressivement concentrés sur l’été : les trois mois de juin, juillet et août ne voyaient que 28.5% des mariages en 1946. A l’époque il y avait même un tout petit plus d’unions (28.9%) pendant les mois cumulés d’avril, mai et septembre. Il y avait plus de mariages en octobre qu’en juillet ou en août et le mois qui voyait le plus d’union était celui d’avril avec 12.1% . La part du mois d’avril a même culminé à 14.6% en 1947, alors qu’elle ne sera plus que de 5.4 % en 2002 (le point bas pour ce mois).
En 1946, les trois premiers mois de l’année et les trois derniers ont, à eux six cumulés, réuni 42.6% des cérémonies. Le total va se situer à 40% ou au-dessus jusqu’en 1962, avec un maximum à 44.1% en 1951.
En 1963, les 6 mois aux journées les plus courtes passent en dessous de la barre des 40% de mariages pour ne plus jamais l’atteindre. En 1987, le total passe en dessous de 30%, là aussi pour ne plus l’atteindre. Le total décroit avec un point bas à 20.2% en 2006. On aurait pu croire que la baisse allait continuer : ce n’est pas le cas puisque le total remonte au contraire depuis 2006 pour se situer à 24.1% en 2013.
Si on ne se marie plus beaucoup lors du premier et du dernier trimestre, la part des mariages d’avril mai et septembre ne change guère : on était à 28.9% en 1946, on est à 30.0% en 2013. Le point le plus bas est à 24.7 % en 1970 et le plus haut en 2012 à 32.6%
Jusqu’en 1962, le mois d’avril est celui où on se parie le plus. Il est dépassé d’une courte t^te (12.0 contre 11.9) ^par le mois de juillet en 1963, et ce changement est définitif, même si avril résiste encore longtemps avant de reculer nettement : encore à 11.4% en 1978, elle se situe entre 5 et 7% depuis 15 ans
Depuis cinquante ans, c’est le régne de l’été, les mois comprenant le plus d’unions étant assez variables en fonction des hasards du calendrier : Juin atteint un record à 17% en 1984, puis un autre à 20.3% en 1996 et 21.4% en 2001. Le record pour un mois de juillet est à 20.1% en 1999 et pour le mois d’août à 16.6% en 2009. Tout indique que les futurs mariés choisiraient bien les mois de juin ou de juillet avec leurs longues journées, mais qu’ils se rabattent sur mai ou août pour des contraintes pratiques.
De 1946 à 1956, le quadrimestre de mai à août voit se concrétiser entre 33.0 et 35.7% des unions, soit à peu près la part normale dans le calendrier, puisqu’ils comptent environ 33.7% des jours de l’année (hors années bissextiles). Il est vrai que la France était encore largement paysanne et qu’il fallait donner la priorité aux travaux des champs.
A partir de 1957, cette part va augmenter. Elle se situe autour de 40% entre 1963 et 1973, et dépasse pour la première fois les 50 % en 1991 et 60% en 1996. Depuis, elle semble osciller : le maximum de 62.2 % est atteint en 2008 mais la part n’est plus que de 56.6% en 2013 et même 54.5 % en 2012.
Je ferais bien l’hypothèse qu’on observe aujourd’hui une grande diversité des pratiques autour du mariage : certain mettent plus d’un an à préparer tout dans le moindre détail, et ce sont surtout eux que l’on trouve pendant les quatre mois de mai à août. D’autres ont contraire se marient en présence de leurs seuls témoins, avec ou sans leurs parents, souvent pour des raisons purement administratives, et alors le choix du mois n’a guère d’importance. Il y a évidemment toutes les situations intermédiaires.
J’ai aussi regardé rapidement les statistiques journalières. En 1946, 66% des mariages ont lieu le samedi. En 2013, c’est le cas de 84% des unions.
Les statistiques sur le jour de la cérémonie disent la même chose que celles sur le mois de l’année : le mariage est toujours un événement où il faut réunir du monde. Comme entretemps les cercles de familles et d’amis se sont géographiquement agrandis, il faut bien s’adapter…
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