L’UMP s’est encore une fois divisé sur l’attitude à tenir à l’occasion de l’élection législative partielle du Doubs, où son candidat est éliminé pour le second tour. Pour comprendre le point de vue des uns et des autres, peut-être faut-il mettre de côté les considérations morales pour s’en tenir aux arrières pensées tactiques.
Le résultat du premier tour, avec la troisième place éliminatoire pour le candidat UMP conforte un sentiment en hausse au sein du parti de droite : le Front National est devenu un concurrent redoutable et la victoire de Marine Le Pen devient envisageable. La question est donc : comment l’affronter ?
L’un des slogans asséné depuis des années par le Front National est celui de la collusion entre les partis de gouvernement qu’il traduit par l’expression « UMPS ». La mise en œuvre de ce que la gauche appelle le « front républicain », ( en pratique le vote pour le candidat démocrate (de droite ou de gauche) pour faire barrage au Front National, à l’image du second tour de la présidentielle de 2002), est évidemment pour les militants frontistes une preuve de cette collusion. Il est plus facile de répondre à cette attaque quand son programme est par essence différent de celui du Front National que quand on pioche dans les mêmes thèmes !
Alain Juppé, qui cherche l’appui des centristes pour la présidentielle et qui n’a pas mis les thèmes sécuritaires en tête de ses discours a lui logiquement intérêt à prôner le vote PS.
La plupart des autres leaders de l’UMP prennent en compte deux réalités de leur électorat : d’une part un rejet massif de la politique actuelle du gouvernement et surtout du Président de la République, et ensuite une pratique de plus en plus forte à reporter ses voix sur le FN en cas de duel de celui-ci avec le PS : j’avais montré après les législatives de 2012 à quel point, en cas de duel de ce genre, les voix de droite s’étaient reportées massivement sur le candidat FN.
Dans un contexte, l’appel au vote PS, s’il n’est qu’à peine suivi, risque de montrer cruellement pour les leaders du parti de droite, que ses électeurs ne suivent pas ses consignes de vote (ce n’est d’ailleurs pas si différent pour la consigne ni-ni)
A cet égard, on peut se demander si la proposition de Nicolas Sarkozy de laisser aux électeurs leur liberté de vote était vraiment à mi-chemin de l’appel au vote PS et de la position ni-ni, comme cela a été présenté par la presse !
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