Ce matin sur France Inter, le débat porte sur les tristes événements sur le site du barrage du Sivens. Un intervenant explique que la décision initiale a été prise démocratiquement au conseil général, par 43 voix sur 46. Laurent Joffrin explique alors que, quand il s’agit d’environnement, il existe une légitimité plus forte que la légalité.
Wikipédia nous explique le mot légitimité de la manière suivante :
La légitimité est la qualité de ce qui est fondé en droit, en justice, ou en équité (définition du Petit Larousse).
La légitimité repose sur une autorité qui est fondée sur des bases juridiques ou sur des bases éthiques ou morales, et permet de recevoir le consentement des membres d'un groupe.
Au sens sociologique la légitimité est un accord tacite subjectif et consensuel axé selon des critères éthiques et de mérite quant au bien-fondé existentiel d'une action humaine.
La légitimité est donc différente de la légalité :
Certains problèmes d'équité ne peuvent être traités efficacement dans le cadre strict du droit.
Réciproquement, le droit peut dans certains cas comporter des effets secondaires injustes (problème de la sécurité juridique).
Des individus ou des collectifs contestent des décisions démocratiques au nom de valeurs qu’ils considèrent comme supérieures à la légitimité démocratique. Ce peuvent être des militants anti avortements, des écologistes, des adversaires de l’expulsion des étrangers etc.
Les moyens de contestations peuvent être variés et on peut distinguer ceux qui veulent rester dans les moyens légaux (pétitions, manifestations ou recours juridiques par exemple) et ceux qui considèrent que leur cause est suffisamment légitime pour justifier des actes illégaux, voire le recours à la violence.
La démocratie française est loin d’être parfaite, mais ses défauts peuvent difficilement justifier des actions illégales, et certainement pas le recours à la violence. Le traitement de la mort de Rémi Fraisse est d’ailleurs un des exemples d’un fonctionnement normal dans un pays démocratique. Certains opposants avaient hurlé parce que c’était le préfet qui était chargé de l’enquête, en estimant qu’il était juge et partie. La suite des faits a montré que, comme cela se passe dans un pays démocratique normal, les points défavorables à la force publique ont été révélés sans problème. On observera au passage que depuis Mai 1968 et l'attitude très prudente du préfet Grimaud à l'époque, l'Etat a tourné le dos aux pratiques qui avaient encore cours du temps de Charonne ou lors des ratonnades du 17 octobre 1961.
Les dirigeants d’EELV se défendant aujourd’hui d’approuver les violences des minorités activistes, dont acte. Je leur reproche cependant, à eux comme à Laurent Joffrin pour l’occasion, ou au propagateur d’ »Indignez vous » de se mettre dans une posture où d’une part ils affirment que leurs valeurs, (notamment la défense de l’environnement du moins telle qu’ils la définissent) valent plus que celle de la république et d’autre part de s’appuyer sur des contrevérités scientifiques (pour les Verts, une étude n’est valable scientifiquement que si elle conforte leur conviction, sinon elle est forcément influencé par un quelconque lobby).
Exemple parmi d’autres : j’ai reçu un jour un mail pour une pétition de soutien à un apiculteur qui devait rendre des comptes à la justice. Si la pétition avait été adressée aux élus pour changer la loi, pas de problèmes. Mais il s’agissait de faire pression sur les juges ! Faut-il à ce point avoir oublié l’importance de l’indépendance des juges dans une démocratie pour en arriver là ?
Et Laurent Joffrin ne comprend-il pas que son affirmation sur la légitimité des causes environnementales, plus grande que la légalité selon lui, est la porte ouverte à toutes les dérives ?
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