Le projet de loi de finances pour 2015 que vient de présenter le gouvernement comprend de nombreuses coupes dans les budgets des ministères, celui des collectivités territoriales et des organismes de Sécurité Sociale, mais se traduit malgré tout par une augmentation des dépenses et une quasi stabilité du déficit public, du fait d’une très faible croissance.
En classant mes vieux journaux, je suis tombé sur la chronique de Jean Pierre Petit, présenté comme économiste, dans le Monde daté du 17 juin 2014. J’y ai retrouvé la plupart de mes convictions sur la réduction du déficit, ce qui est toujours rassurant : si mes idées sur le sujet sont fausses, je ne suis pas le seul à être dans l’erreur !
Le chroniqueur explique qu’on ne réglera pas le problème par « une approche comptable, qui consiste à trouver des milliards d’euros ici ou là, en fonction de la résistance supposée des différents lobbyes et/ ou forces politiques ». Dans ce domaine, je trouve que le gouvernement Valls rencontre les mêmes difficultés que le gouvernement Fillon à ses débuts avec les suites à donner à la commission Attali.
On ne réalisera pas ce que le Canada et la Suède ont réussi dans les années 1990 sans réformes structures plus radicales, nous explique le chroniqueur. Celui-ci signale qu’une telle politique aura forcément des conséquences dépressives dans un premier temps (c’est-à-dire les premières années) avant que « les effets vertueux se manifestent ». Et il conclut qu’il est au total illusoire de penser qu’une telle stratégie puisse se faire sans débat démocratique transparent, ce qui n’a pas été le cas lors de la dernière élection présidentielle.
Je suis de plus en plus persuadé qu’on ne pourra faire l’économie d’une simplification radicale des interventions et de l’organisation publique : limitation à un seul niveau administratif de la responsabilité dans un domaine donné et probablement suppression d’au moins un de ces niveaux, sinon deux, suppression d’au moins 95% des niches fiscales (avec réduction parallèle des taux nominaux) par exemple. Il faudra aussi renoncer à intervenir dans certains domaines, c’est-à-dire faire des choix !
Parmi beaucoup d’autres, le secteur du logement montre l’incohérence de l’intervention publique : pour construire plus de logements, on subventionne massivement à la fois les locataires et les investisseurs. Mais dans le même temps on laisse les collectivités locales organiser le manque de foncier (et donc l’impossibilité de construire chez elles), on multiplie à l’infini les règles à suivre et on organise l’insécurité financière des investisseurs tout en incitant les locataires à ne pas payer leurs loyers, la collectivité s’engageant à les remplacer si nécessaire ! Au final, l’Etat dépense chaque année des dizaines de milliards d’euros, il manquerait un million de logements et ceux-ci sont nettement plus chers que ceux de nos voisins allemands !
On pourrait multiplier les exemples. La réalité, c’est que neuf ans après la publication du rapport Pébereau qui avait au moins le mérite de poser le diagnostic sur le problème de la dette et de proposer des pistes pour réduire le déficit, Paris continue de remettre aux calendes grecques le moment où il passera sous le seuil des 3% prévus dans le traité de Maastricht.
Non seulement ce n’est pas sérieux, mais c’est en train de devenir gravissime avec une dette qui atteint maintenant les 2 000 milliards d’euros, soit près d’un an de PIB et près de 7 ans de recettes nettes de l’Etat. Et avec une croissance atone depuis maintenant 5 ans, une économie qu’on ne voit pas redémarrer de sitôt et un chômage qui est en train de battre tous ses records historiques
Jean Pierre Petit note que pas un politique n’osera aborder réellement ces problèmes, puisque « ce serait suicidaire d’un point de vue politique…car, dans une économie de rentes, les victimes des réformes s’identifient facilement et immédiatement, alors que les vertus de celles-ci sont diffuses et difficiles à expliquer »
Si les politiques n’osent pas faire une opération vérité, c’est aux citoyens de la faire.
Les commentaires récents