Jeudi 29 mai, Le Monde publiait une enquête sur la gestion des déchets dans la ville de San Francisco, en fait un article militant plus qu’une enquête. C’est malheureusement devenu la norme dans la rubrique « Planète » du quotidien du soir, qui retrouvait pour l’occasion les accents qu’on croyait oubliés de la glorification du socialisme réel par l’Humanité dans les années cinquante.
La ville de San Francisco s’est donné comme objectif de parvenir en 2020 à un taux de recyclage de 100 % de ses déchets à l’horizon 2020 et a déjà atteint un taux de 80 %. Le journaliste du Monde en tire un article apologétique. On aurait pourtant aimé une véritable enquête, par exemple pour savoir de quel taux la ville est partie il y a dix ans (la Californie avait un objectif de 50 % en 2010 dit l’article), ou pour avoir le point de vue d’opposants ou de critiques.
Le journaliste aurait aussi pu nous dire où on en est de ce point de vue chez nous. Mais ce serait aller contre la ligne permanente des journalistes de la rubrique comme d’une partie des militants écologistes : dénoncer la catastrophe qui arrive, ne jamais avouer que la France et les pays de l’Union Européenne agissent depuis longtemps, que de nombreux progrès sont réalisés, et que globalement la pollution diminue.
Il se trouve que j’étais à Verel pour le week-end de l’Ascension et que j’ai dû passer par la déchetterie proche. Il y a vingt ans se trouvait là une décharge publique, envahie de débris et objets plus ou moins usagés de toutes sortes. La déchetterie existe depuis plus de dix ans maintenant, en conformité avec les directives européennes sur le sujet, et le niveau de tri n’a fait que progressivement augmenter pour séparer les différents produits, en particuliers les encombrants, les ferrailles, le bois, les gravats, le verre, les produits chimiques et j’en passe. Depuis quelques années, on peut par ailleurs déposer les emballages et le verre dans de grandes poubelles disposées à cet effet à vingt mètres de chez moi.
A la déchetterie, il y avait comme d’habitude une petite dizaine de véhicules dont les conducteurs venaient décharger les objets les plus divers, sous l’œil attentif du responsable de la décharge. Et ce système n’est pas l’œuvre d’une municipalité particulièrement éclairée : le système existe partout en France et probablement dans toute l’Europe.
Mais revenons à notre article. Ce n’est pas le côté militant et à sens unique qui m’a frappé, je commence malheureusement à m’y habituer, mais la répétition de certains mots que je vais citer ci-après. Dans un article qui fait un peu plus de mille mots, on trouve en effet les suivants :
« Interdiction, interdire, interdiction, contrevenants, bannis, obligation, obligatoires, contrôles, avertissements, amendes, contrevenants, police environnementale, obligatoire, interdiction ».
Je me suis revu plus de quarante ans en arrière, non pas en 1968 quand les étudiants proclamaient "il est interdit d'interdire », mais quand je lisais « 1984 », l’œuvre de George Orwell, ou Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, dont François Truffaut a fait un film.
A l’époque, on pouvait lire dans la Cause du peuple ou dans les tracts maoïstes que l’étudiant que j’étais lisait à l’occasion par curiosité, le même type d’apologie des miracles fait par les chinois à la suite du Grand Timonier, probablement à l’image de ce que pouvaient écrire les communistes dans les années 50 , si on en croit les film « Rouge Baiser » ou « Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes ». C’est d’ailleurs surtout la conclusion qui m’a fait cet effet, et j’en copie donc ici le début :
«Quel que soit le résultat en 2020, les efforts auront été immenses et San Francisco entraîne désormais d’autres grandes villes américaines dans son sillage »
Le Monde comme outil de manipulation et d’intoxication idéologique, Hubert Beuve-Meury doit se retourner dans sa tombe !
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