Les cheminots, ou au moins une partie d’entre eux, sont donc en grève. Une fois de plus est-on tenté de dire. Coïncidence, les intermittents du spectacle s’agitent au même moment, en menaçant d’empêcher la tenue des événements estivaux, en premier lieu le festival d’Avignon, qui a déjà souffert dans le passé de la colère des intermittents.
Les deux professions sont confrontées à des réformes qui risquent de modifier défavorablement leur situation, de manière assez certaine pour les intermittents (mais pas plus que bien d’autres professions confrontées aux difficultés de gestion des organismes sociaux), de manière moins évidente pour le grand public dans l’autre cas, le citoyen lambda ne voyant pas en quoi la fusion de la SNCF et de RFF est un danger pour les cheminots, d’autant plus que leur séparation il y a près de 20 ans avaient été condamnée par ceux-là même qui crient aujourd’hui au loup et au scandale.
La situation des cheminots ne doit pas être si terrible que cela, si l’on en juge par les facilités que la SNCF semble avoir à recruter et par le taux infinitésimal de démissions que l’on y compte. De la même manière, le statut des intermittents ne semble pas non plus inacceptable, si l’on en juge par le nombre de personnes qui s’y précipitent.
Mais après tout, c’est bien le rôle des syndicalistes de défendre les intérêts des salariés de leur profession, quel que soit l’avis que l’on peut avoir sur les méthodes utilisées.
Ce que je ne supporte guère, ce sont les discours qui cherchent à faire croire au bon peuple que ces luttes sont faites pour l’intérêt de tous, comme le prétendait par exemple un tract distribué en gare ou cet argument issu d’on ne sait quelle étude prétendant qu’un emploi d’intermittent permettait d’en faire vivre 6 autres.
Cheminots ou intermittents, vous défendez ce que vous estimez être vos intérêts, c’est le droit que vous assure une démocratie, mais de grâce, n’essayez pas de nous faire croire que c’est pour notre bien.
Cette prétention qui est la vôtre de demander à la puissance publique de garantir vos intérêts parfaitement corporatiste au nom de l’intérêt public, illustre au contraire le mélange d’étatisme et de corporatisme à l’origine d’après Algan et Cahuc de la « société de défiance » qui est un des principaux drames de notre pays.
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