Le seuil d’alerte à la pollution aux particules fines devrait être dépassé ce vendredi 7 mars en Ile de France, après deux journées de dépassement du « niveau d’information » pour ces polluants. L’absence de vent explique qu’Airparif, agence régionale d’information sur la qualité de l’air puisse prévoir également un dépassement du seuil d’information pour le dioxyde d’azote.
La préfecture de police de Paris pourrait ordonner un abaissement des limitations de vitesse de 20 km/h et inciter les camions de plus 3,5 t à contourner la capitale, comme elle l’avait fait le 13 décembre dernier.
On pourrait croire à la lecture de ces annonces que l’air de notre capitale devient de plus en plus irrespirable, à l’instar de ce qui se passe en Chine. La lecture des données du CITEPA conduit à des conclusions assez différentes.
La page sur l’histoire de la pollution de l’air nous apprend ainsi que la pollution atmosphérique au-dessus de la capitale anglaise est signalée dès la fin du 17ème siècle, celle de la capitale française l’étant à son tour en 1763. Bien entendu, ce ne sont pas les automobiles ou les camions qui sont en cause, mais le chauffage urbain et les premières productions industrielles.
En France, le législateur réagit assez tôt, avec d’abord le Décret impérial du 15 octobre 1810, relatif « aux manufactures et ateliers qui répandent une odeur insalubre ou incommode », et, plus près de nous, la Loi du 20 avril 1932 tendant à la suppression des fumées industrielles (dite loi Morizet) introduisant, pour la première fois dans la législation française, la notion de pollution atmosphérique. Cette loi fait suite à un accident de type smog qui avait fait une cinquantaine de décès dans la meuse début décembre 1930.
Le CITEPA créé en 1961 publie un historique des productions nationales de différents polluants, l’ancienneté plus ou moins grande des mesures étant significative de la prise en compte plus ou moins tardive du problème. En ce qui concerne les particules de moins de 10 microns (PM10), mesurées à partir de 1990, un seuil maximal a été observé en 1991. Les émissions ont baissé d’un peu plus de moitié depuis cette date.
Les facteurs de pollution sont assez divers. On note que la pollution par la transformation d’énergie a été divisée par 10 et que le transport routier est le troisième polluant, après l’industrie et le résidentiel tertiaire qui viennent à égalité. Cet ordre valable pour la France entière n’est pas forcément valable pour la seule région parisienne. On peut cependant imaginer à la lecture de ces chiffres que les seuils d’alerte aux particules auraient plus souvent dépassés il y a 20 ans qu’aujourd’hui, mais à cette époque ils étaient beaucoup moins surveillés.
La situation pour le dioxyde d’azote n’est pas très différente, sauf que les premières mesures citées par l’organisme datent de 1960, que le pic d’émission a été atteint en 1980 et que la baisse depuis est légèrement plus faible que pour le polluant précédent.
Il est probable que la plupart des franciliens n’imaginent pas l’existence de ces progrès. On notera que ceux-ci sont réels mais lents.
Loin de chez nous, à Pékin la population en est réduite à circuler systématiquement dans la rue avec des masques. L’OMS a calculé que la pollution atmosphérique était la cause de 1.2 million de morts par an, sur une mortalité annuelle de 10 millions
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