Le président François Hollande a présenté les traditionnels vœux aux français en défendant son bilan et en s’efforçant de tracer un chemin d’espoir malgré la poursuite des efforts demandés. Dans la situation économique actuelle, il est probable que peu s’y retrouveront, que ce soit à droite ou dans une bonne partie de la gauche.
Une fois n’est pas coutume, j’ai écouté les dix bonnes minutes d’un discours manifestement peaufiné avec soin.
Le chef des armées n’a pas manqué de rendre hommage aux 9 morts dans les actions qu’il a lancé et qui ont jusqu’à présent démontré de remarquables capacités de nos forces militaires, qui avaient déjà fait leurs preuves dans un contexte très différent en Libye. J’ose espérer que ces succès ne donneront pas aux décideurs l’ivresse de la victoire : il y a toujours un risque pour un gouvernement en difficulté sur l’essentiel des attentes de son peuple (l’emploi, le pouvoir d’achat…) d’en faire trop en voulant se rattraper ailleurs, sur les questions de sécurité hier, sur celles de société aujourd’hui, dans les deux cas sur les conflits extérieurs.
Mais je n’ai pas l’intention de reprendre tous les sujets abordés par un discours qui ne voulait manifestement rien manquer : certaines phrases ont forcément plus résonné pour moi.
Donc le Président veut diminuer la dépense publique et pour cela s’attaquer à la dépense territoriale.
C’est nécessaire car la dérive la plus importante, hors organismes de sécurité sociale, se trouve là. Le rapport Pébereau (2005) avait déjà montré que « entre 1980 et 2004, la part des dépenses des collectivités territoriales dans la production nationale est passée de 7,9 à 10,8 %, les dépenses ayant progressé en volume de 3,4 % par an, contre 2 % pour la production nationale », la décentralisation n’expliquant que la moitié de cette évolution. Dans l’intervalle les effectifs avaient augmenté de 450 000.
La situation ne s’est guère améliorée depuis, et l’augmentation des effectifs de la fonction publique territoriale compense tous les efforts faits par l’Etat pour réduire ses propres effectifs, comme l’a montré à mi-décembre une note de l’INSEE sur l’évolution des effectifs en 2012.
Cela ne rend pas facile pour autant la réduction des dépenses. Il y a manifestement une voie en réduisant le nombre de niveaux administratifs, ou pour le moins en limitant strictement les domaines de compétences de chacun (supprimer les financements croisés est par ailleurs une mesure indispensable de lisibilité et de responsabilisation des politiques). A écouter les élus, la multiplication des normes leur coûte également très cher : c’est certainement vrai, sans qu’on sache dans quelle proportion.
Français Hollande ne fait cependant pas là un cadeau à ses amis politiques, très majoritaires à la tête de ces collectivités. Surtout, il a exprimé un objectif qui était encore il y a peu insupportable dans son camp et en particulier au sein des syndicats de la Fonction Publique : faire plus avec moins (objectif prioritaire de presque toutes les entreprises privées depuis au moins 40 ans…)
Le Président a également mis l’accent sur les deux accords interprofessionnels signés en début 2013 sur la sécurité de l’emploi et en fin d’année sur la formation.
Tout cela fleure bon les tendances sociaux-démocrates du président, qui le rapprochent des partis frères européens, mais qui sont loin d’être unanimement partagées dans son camp et même dans son parti !
Une remarque pour finir : je suis en désaccord complet avec la quasi promesse faite sur la fiscalité. Peut-on raisonnablement espérer réduire le poids de celle-ci quand le déficit public représente une telle part du PIB ? D’une certaine manière, un tel discours est aussi grave que celui sur une prétendue cagnotte « découverte » par Chirac et que je n’ai cessé depuis de lui reprocher !
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