Démographie, métiers, revenus : la population parisienne n’est pas à l’image de la France, ce qui est à la fois la conséquence et la cause de la situation particulière de l’immobilier dans la capitale. L’actualité nous donne l’occasion d’en savoir un peu plus sur les caractéristiques franciliennes et parisiennes.
Au 1er janvier 2016, les départements de la petite couronne (Paris, Hauts de Seine, Seine-Saint-Denis et val de Marne) vont fusionner au sein de Paris Métropole : le texte a été adopté en deuxième lecture par l’Assemblée Nationale ce mercredi. Cette Métropole, qui remplacera toutes les intercommunalités du territoire, aura des compétences élargies en matière de logement, d'urbanisme et d'aménagement économique. "Sa première mission sera d'accroître et de rééquilibrer l'offre de logement sur son territoire, aujourd'hui insuffisante en volume et dans sa répartition géographique » a expliqué la ministre de la Réforme de l’Etat, Marylise Lebranchu.
Une note de l’APUR, spécialiste de’ l’urbanisme, a montré en 2011 qu’après une forte expansion qui lui donne plus de 5 millions d’habitant aujourd’hui, la grande couronne (Essonne, Val d’Oise, Yvelines et Seine et Marne) voit sa population augmenter nettement moins vite depuis 10 ans. Avec plus de 4 millions d’habitant et plus de 2 à Paris même, la nouvelle métropole va compter plus de 6 millions d’habitants, plus de la moitié de la population francilienne.
J’ai cherché un site qui donne les pyramides des âges des villes françaises, site que j’avais visité il y a quelques années mais que je n’ai pas retrouvé. Heureusement, la note évoquée plus haut donne le résultat pour la population parisienne, et même un zoom par groupe d’arrondissements. La figure 5 page 5, qui compare les pyramides française et parisienne, montre le sous-effectif parisien avant 20 ans, entre 40 et 55 ans, et entre 65 et 85 ans : ce résultat ne peut s’expliquer que par des migrations, entre Paris et sa banlieue ou avec le reste de la France. On vient à Paris pour y suivre des études. Ceux qui partent ensuite pour un premier travail croisent ceux qui arrivent pour cela et qui rejoignent ceux qui restent à Paris après leurs études.
Les jeunes quittent Paris avant ou après leur premier enfant : la proportion d’enfant de moins d’un an est la même que dans l’ensemble du pays et il y a une baisse ensuite. La fin du creux entre 55 et 65 ans est probablement celle de personnes qui peuvent se loger à Paris du fait d’une rémunération plus élevée et/ou du départ des enfants. De nouvelles migrations permettent aux retraités d’aller trouver le soleil sur les façades atlantiques ou méditerranéennes.
Jeudi, l’INSEE publiait le numéro 1478 d’INSEE Première consacré aux métiers et aux territoires : certains métiers de proximité liés aux besoins quotidiens de la population sont répartis assez harmonieusement sur les territoires (cela dépend bien sûr de la maille que l’on prend !). D’autres sont sur représentés ou sous représentés selon les régions : on pense par exemple aux métiers liés au tourisme, comme ceux d’ouvriers du second œuvre du bâtiment. Les contrastes régionaux sont plus marqués pour d’autres métiers. C’est le cas , notamment pour Paris et l’Ile de France, de certains métiers de cadres.
Les trois métiers spécifiques de la région Ile de France (voir tableau 1 page 2) sont dans l’ordre ceux de professionnels de la communication et de l’information, d’ingénieurs de l’informatique et de cadres des services administratifs, comptables et financiers. La note précise que l’aire urbaine de Paris emploie à elle seule 35 % des cadres. Elle concentre en particulier 54 % des professionnels de l’information et de la communication ou des ingénieurs de l’informatique et des télécommunications, 46 % des cadres de la banque et des assurances ou encore des cadres administratifs.
Le tableau 2 montre qu’à Paris ( en fait son aire urbaine, donc une partie de l’Ile de France) les cadres sont sur représentés mais qu’il y a aussi des ouvriers et des employés, certes en plus faible proportion qu’ailleurs. C’est là que les prix de l’immobilier font le tri : les cadres sont sans doute encore en plus grande proportion dans Paris même, les salariés les moins bien rémunérés étant relégués en petite voire en grande couronne.
Justement, à propos de rémunération, France TV Info signalait lundi dernier une vidéo montrant NKM qui parlait des couples moyens de parisiens : « c'est deux salaires normaux de début de carrière, donc c'est entre 4 000 et 5 000 euros pour un couple. » Les commentateurs réagissaient selon qu’ils s’étonnaient qu’on puisse parler de salaires normaux de ce niveau ou qu’ils constataient que ce niveau est courant à Paris. L’un d’eux citait des données de l’Insee qu’il lisait malheureusement de travers pour affirmer que « le salaire médian pour un ménage » à Paris est de 25 000 € par an, alors qu’il s’agit de « la médiane du revenu fiscal des ménages par unité de consommation en 2010, en euros ». Cela signifie que 50% des foyers fiscaux se situent en dessous (et 50 %, au-dessus) de ce montant qui représente 50 000 euros par an pour un couple sans enfant ( et donc plus pour un couple avec un enfant). Le même tableau de l’INSEE donne la population et le nombre de ménages, dont on déduit une taille légèrement inférieure à 2 personnes par ménage (contre plus de 2.3 en France). Le revenu net déclaré par foyer fiscal (donc après certains abattements) est de 23 230 euros en France et de 36 085 euros à Paris, soit 55% de plus (pour un ménage plus petit de près de 20%).
Démographie, métiers, revenus, décidément Paris, ce n’est pas la France !
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