Le deuxième trimestre 2013 a connu une croissance assez nette en France comme dans le reste de la zone euro ou de l’union Européenne, un résultat inattendu au regard des prévisions. S’il est trop pour savoir si cette reprise est durable (probablement) et si elle sera faible ou forte, on peut déjà en tirer certains enseignements généraux.
Cette reprise est européenne, puisque la zone euro et l’UE dans son ensemble affichent également des résultats nettement positifs, bien que moins importants que la France (+0.3% contre +0.5%). Certains pays au sud (Grèce, Espagne..) et au nord (Suède..) sont cependant encore en récession. Il faut noter une fois de plus que la conjoncture économique de notre pays est complètement liée à celle de l’ensemble de la zone euro (on pourrait même dire de l’UE avec un petit bémol concernant le Royaume Uni).Il faut donc arrêter d’attendre de notre gouvernement qu’il ait seul un impact direct sur la conjoncture mais lui demander, d’une part d’agir en concertation avec les autres pays de la zone pour favoriser une bonne conjoncture à ce niveau (ce qui n’a pas été fait dans un premier temps pour éviter la création d’écarts de compétitivité dangereux entre l’Allemagne et les pays du sud, alors que depuis 2008 au contraire, les décisions prises ont pu éviter les catastrophes, même si cela a été fait laborieusement et souvent trop lentement), d’autre part de favoriser l’augmentation de la croissance à long terme(ce qui n’est pas électoralement très payant !).
L’Allemagne tire cette reprise, au moins sur le plan statistique, avec une croissance de 0.7% qui a évidemment un impact non négligeable sur le résultat total, eu égard au poids de l’économie germanique dans la zone. Il faudrait connaître le détail des échanges au sein de l’UE pour savoir si ce rôle est seulement statistique, ou si la demande allemande favorise effectivement la dynamique de ses voisins : c’est probable, mais dans quelle mesure ?
La reprise allemande est favorisée par la hausse des salaires (plus de 3% annuels), qui impacte favorablement la consommation. Après une décennie pendant laquelle notre voisin a pratiqué une politique mercantiliste au détriment des autres pays européens, c’est à son tour de mener une politique favorable à la croissance générale
La reprise s’est faite malgré la limitation des dépenses publiques, donnant ainsi tort à ceux qui pointaient du doigt les inconvénients de politiques qualifiées d’austérité pour proposer d’y renoncer. Il est vrai que cette austérité a été atténuée au fil des mois un peu partout. Mais elle est restée suffisamment importante, d’une part pour envoyer aux marchés les signes nécessaires à la survie de l’euro, d’autre part pour commencer un redressement des comptes publics, redressement qu’il faudra évidemment poursuivre et accentuer dans la période de reprise.
Les politiques menées ces dernières années sous la pression de la crise de la zone euro ont contribué à réduire les déséquilibres : déséquilibres de compétitivité entre pays du nord et du sud, déséquilibres des comptes publics. Une partie seulement du chemin a été réalisée ce qui signifie que la reprise, si elle se maintient, ne signifie pas la fin des efforts, mais que ceux-ci seront économiquement moins douloureux (mais pas plus facile politiquement : il y aura bien un homme politique assez imbécile pour réclamer d’utiliser une cognotte imaginaire !). En France, il faut encore redresser les comptes publics (et pour cela diminuer les dépenses) et faire évoluer le partage de la valeur ajoutée, actuellement trop défavorable aux entreprises et par conséquence à l’investissement.
On ne sait pas si cette reprise est durable, et quelle sera sa force. On peut imaginer qu’il y ait quelques hoquets dans les prochains trimestres, avec des résultats contradictoires. Les résultats du deuxième trimestre, s’ils ont surpris, sont cependant conformes à la tendance à la reprise annoncée pour la fin de 2013 et l’année 2014 : ils viennent simplement plus vite que prévu. On ne va pas s’en plaindre, mais on ne s’étonnera pas de ne pas les voir se renouveler les deux prochains trimestres. Il faut noter que 0.2% de la croissance du deuxième trimestre (soit presque la moitié) provient de la variation de stock : cela peut être vu comme un signe de retournement, mais cela montre aussi la fragilité de la croissance hors cette variation. L’annonce par la Réserve fédérale américaine qu’elle devrait prochainement avoir une politique moins favorable a déjà fait monter les taux d’intérêt dans certains pays émergents (Inde, Brésil…) et pourrait donc affecter les pays du Sud de la zone euro comme la Grèce.
Je fais cependant le constat, depuis maintenant une vingtaine d’années, que les mouvements conjoncturels, à la hausse ou à la baisse, sont de plus en plus importants et en tous les cas plus importants que ce que nous annoncent les prévisionnistes. Je n’ai pas de raison de penser qu’il en ira différemment cette fois ci. Même si la croissance tendancielle à long terme a baissé, les résultats engrangés depuis deux ans (et même cinq) ont produit des retards importants, une espèce de force de rappel pour une reprise dynamique. Du moins, si les investissements ont été judicieux et suffisants, ce qui nous ramène à la remarque faite plus haut.
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