En 2012, les salaires de base ont plus augmenté en France qu’en Allemagne, contrairement à la situation observée en 2011. L’écart est trop faible pour assurer le redressement de la compétitivité française, mais le fait que l’INSEE suive ce sujet et en fasse une note est en soi révélateur de l’enjeu pour la sortie de crise en Europe.
Je l’ai plusieurs fois écrit sur ce blog, la décennie 2000/2010 a vu des écarts importants dans l’évolution des salaires nominaux entre les différents pays de la zone euro : ils ont peu progressé en Allemagne, assez nettement plus en France et encore plus dans d’autres pays du sud de la zone, à l’image de l’Espagne ou de la Grèce.
Cette situation a été très favorable aux entreprises allemandes et aux exportations de ce pays (qui partaient au contraire dans une situation défavorable lors de la création de l’euro), au point de créer des déséquilibres insupportables au sein de la zone.
L’Espagne et la Grèce ont été obligées de baisser leurs salaires nominaux, ce que n’a pas fait la France. Celle-ci risque donc de voir sa situation se dégrader encore plus dans les années qui viennent.
Heureusement pour tous, l’Allemagne semble vouloir sortir de sa politique mercantiliste et non coopérative au sein de la zone. Elle est le seul grand pays de la zone qui peut relancer sa consommation et laisser filer ses salaires. Elle le fait, mais à petits pas seulement, tant ce n’est pas dans sa nature et tant elle craint un hypothétique emballement.
La note de l’INSEE parue ce mardi, montre que les salaires de base ont augmenté en 2012 de 2.8% en Allemagne contre 2.1% en France. En 2011, les progressions avaient été respectivement de 2.0 et 2.2%, c’est-à-dire que l’écart s’était encore creusé.
Rattraper 0.7% en un an alors que l’écart accumulé est probablement supérieur à 10%, c’est sans doute trop peu et trop lent. On peut toujours espérer que les salaires allemands augmenteront un peu plus vite en 2013 et 2014, mais la hausse ne dépassera guère 3% au mieux.
C’est donc aussi à la France de limiter ses hausses nominales, ce qui ne signifie pas forcément une baisse du pouvoir d’achat : tout dépend de l’inflation. En mai, la hausse des prix a été de 0.1% sur un mois et 0.8% sur un an, alors que la hausse avait connu un pic à 2.5% début 2012. Par ailleurs, la montée du chômage ne favorise pas les revendications salariales.
Dans sa note, l’INSEE explique « En France, alors que la hausse continue du taux de chômage pèse sur le pouvoir de négociation des salariés, le SMB nominal continue d’augmenter sous l’effet des revalorisations du Smic, plus importantes en 2012 qu’en 2011. En effet, ce dernier a augmenté en
moyenne annuelle de 3,3 % en 2012 contre +1,8 % en 2011. »
Le gouvernement pourrait donc contribuer au freinage nominal des salaires en bloquant le SMIC quelques semestres. C’est techniquement un peu compliqué. C’est politiquement encore plus compliqué, pour un gouvernement de gauche…comme de droite !
Ce serait cependant un moyen d’accélérer le rééquilibrage des situations comparées de la France et de son voisin, et donc le retour de la croissance dans notre pays !
PS : dans les entreprises de 10 salariés et plus, l’indice du salaire mensuel de base de l’ensemble des salariés (SMB) croît de 0,7 % entre les mois de décembre 2012 et de mars 2013, soit de 1,9 % sur un an.
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