Le gouvernement grec a décidé de fermer les télévisions publiques. Ce qui s’apparente à un lock-out va en réalité plus loin puisque le gouvernement semble vouloir créer une nouvelle société qui reprendra l’activité télévisuelle et embauchera ceux qu’elle voudra. Les syndicats ont appelé à une grève générale.
L’annonce surprise de l’arrêt des émissions des trois chaines publiques grecques a évoqué pour moi l’idée de lock-out et la manière dont Ronald Reagan a licencié les contrôleurs aériens en grève en 1981.
Wikipédia explique que « le lock-out ou la grève patronale est une fermeture provisoire d'une entreprise, décidée par l'employeur pour répondre à un conflit collectif ». Si l’entreprise est bloquée par un petit nombre de grévistes, cette pratique permet à l’entreprise de ne pas payer les non-grévistes. Cette procédure est interdite en France.
Ronald Reagan, confronté à une grève des contrôleurs aériens, illégale car interdite aux syndicats d’employés de l’Etat, ordonne le retour au travail puis licencie ceux qui n’ont pas suivi cet ordre, c’est-à-dire la grande majorité des contrôleurs (plus de 11 000 personnes). Il les remplace notamment par des contrôleurs de l’armé, le temps de former de nouveaux agents.
Dans le cas de la Grèce, le gouvernement dont on connait les difficultés financières essaie en vain de négocier une réduction des effectifs. Les syndicats, qui ont déjà subi des baisses substantielles de salaires (45% !) résistent.
D’après le Monde, la Radio-Télévision grecque « est l’un des symboles des dérives et du clientélisme du secteur public ». Les différents partis au pouvoir ont passé leur temps à y faire recruter leurs amis. Les trois chaines ne recueillent même pas 10% de part d’audience au total. Ce qui n’empêche qu’il y ait aussi des programmes de qualité.
Dans le secteur privé, il y a une limite aux demandes salariales, c’est la santé économique de l’entreprise. Un organisme public n’est pas confronté à cette difficulté. Les salariés peuvent être tentés de profiter de la situation, surtout quand ils contrôlent une activité clé. On l’a plus vu en France dans les activités qui profitaient d’un monopole de fait que dans la masse des fonctionnaires, dont le pouvoir d’achat a très peu progressé ces derniers temps.
Il est normal que des salariés, du public ou du privé essaient d’améliorer leur situation. Je suis moins enclin à les comprendre quand ils essaient de me faire croire que s’ils font grève, c’est pour mon bien.
La décision du gouvernement grec semble risquée : elle peut déclencher un conflit social ou politique d’’envergure. La suite des événements dépendra de la capacité des salariés licenciés de regrouper pour les soutenir des agents d’autres administrations et surtout des salariés du privé. De ce qu’on en sait pour l’instant, l’appel à la grève générale pour ce jeudi a surtout été suivi dans le public.
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