Les Français détiennent tous ensemble, sur ce qui constitue leur outil de placement préféré, plus de 250 milliards d’euros, auxquels il faut ajouter près de 100 milliards d’euros déposés sur le livret de développement durable, les deux outils ayant depuis 2003 le même taux de rémunération. La Caisse des dépôts publie tous les mois des informations sur les sommes épargnés sur ces livrets.
Google actualités m’a amené sur un article publié hier sur BFM Business, avec un titre accrocheur (Livret A: est-ce le début du désamour avec les Français?). L’article est absolument incompréhensible. Heureusement, on trouve sur le site de la Caisse des dépôts les informations sur lesquelles il s’appuie mais qui n’ont manifestement pas été comprises. Le « journaliste » se penche sur le montant de la collecte nette du mois de mai, en forte baisse par rapport au même mois de l’an passé. Les 290 millions d’euros de son montant qu’il pointe dans le titre deviennent 290 milliards un peu plus bas et dans les deux cas, il parle d’encours au lieu de collecte nette. Et encore, l’article a été modifié quelques heures après sa parution, on n’ose imaginer quel était le contenu initial.
Reprenons donc le tableau des flux et encours présenté par la Caisse des dépôts sous une forme que je trouve très claire
Le tableau est un historique avec les résultats depuis 2008, par année d’abord, puis par mois pour 2012 et 2013. Cette présentation facilite les comparaisons d’une année sur l’autre.
Pour chacun des deux produits (Livret A et LDD), et pour la somme des deux produits, le communiqué de la CDD publie quatre lignes
D’abord la « collecte nette du mois», qui est le résultat de l’ensemble des sommes déposées un mois donné par les épargnants, diminué de la somme de leurs retraits : si la collecte nette est positive, ce qui est presque toujours le cas, cela signifie que les épargnants ont collectivement augmenté ce qu’ils laissent sur leur livret.
La deuxième ligne intitulée « collecte cumulée » indique le cumul des collectes nettes depuis le début de l’année. Pour les années 2008 à 2011 qui ne sont pas détaillées par mois, seule cette deuxième ligne est remplie, pas la première.
La troisième ligne intitulée « capitalisation » n’est remplie qu’en décembre : il s’agit en effet des intérêts annuels touchés par les épargnants en fonction de la somme figurant sur leur compte et en fonction du taux d’intérêt versé.
Après trois lignes sur les flux, la dernière ligne est sur les stocks, plus précisément appelés encours. Ils augmentent chaque année de la somme de la collecte cumulée et de la capitalisation.
Donc en mai, la collecte nette n’a été que de 0.29 milliards, 60% de moins qu’en mai 2012, et le « journaliste » qualifie cette baisse de vertigineuse avant de noter que sur 5 mois la collecte cumulée est plus élevée que l’an dernier, malgré une baisse des taux pratiqués au premier février et avant une nouvelle baisse probable à l’été du fait de la baisse de l’inflation, qui sert de référence pour la définition des taux. En janvier, la collecte nette avait été de plus de 8 milliards, montant qualifié d’exceptionnel. Si le journaliste avait fait son travail, il aurait signalé que ce montant était lié à la forte hausse du plafond au 1er janvier. Je le sais, et je ne suis pas journaliste à BFM !
On peut évidemment se demander pourquoi la collecte a été basse en mai. Une baisse du taux d’épargne peut aussi bien provenir d’une relance de la consommation que d’une baisse des revenus. Je ferais bien l’hypothèse que c’est la succession de longs week-ends qui explique cette faible collecte nette. Mais de toutes manières, sur un tel sujet, il est difficile de tirer des enseignements sur un seul mois.
Je comprends pourquoi je continue à lire le Monde, tout en râlant régulièrement sur ses erreurs : les autres sont dix fois pires !
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