Un ancien proviseur sort un florilège des mots d’excuses rédigés par les parents et soudain, derrière une pratique à laquelle on est habitué, on découvre une des logiques qui pèse sur l’efficacité de notre système éducatif, un système qui enferme et sanctionne au lieu de donner confiance et de motiver positivement à l’effort.
Un peu d’humour ne fait pas de mal, et j’ai apprécié les exemples sortis des « nouveaux mots d’excuse » et puis je suis allé aussi lire les réactions et je suis tombé sur celle-ci :
« Je ne vois pas pourquoi en tant que parent je devrais présenter des excuses au personnel de l'école parce que mon enfant est en retard !
En Suède, lorsque ma fille est en retard ou absente il y a une raison valable et je n'ai pas à m'excuser pour ça. Un coup de téléphone pour informer l'école suffit. »
Le lecteur voit bien l’utilité d’informer l’école d’une absence mais pas de s’excuser. On comprend à travers cette remarque qu’il ne s’agit pas de s’excuser mais, alors de quoi s’agit-il ?
En réfléchissant, on comprend qu’il s’agit en fait d’alerter les parents sur le retard ou l’absence de leur enfant et de vérifier qu’ils sont au courant. En fait la pratique des mots d’excuses repose d’abord sur la défiance que l’institution porte sur l’enfant, défiance qui se trouve parfois justifiée. Mais faut-il s’organiser autour des exceptions ?
Justement, je lisais dans « le dernier blog » un article sur les ateliers du programme éducatif Biophilia, organisés à l’espace Pierre-Gilles de Gennes. Le principe est d’amener les enfants à l’émerveillement pour la science et pour la musique par le biais de la créativité, hors de tout cadre scolaire et même, sans qu’il soit question de résultat. L’auteur constate que des enseignants du primaire confrontés à cette expérience passionnante ne peuvent s’empêcher de s’interroger sur l’évaluation des résultats et de proposer de mettre des notes !
L’auteur poursuit : « En entendant ces profs réclamer de pouvoir sanctionner, j’ai pensé à Victor Hugo et à sa célèbre phrase : « Celui qui ouvre la porte d’une école ferme une prison ». C’est une jolie formule, assez séduisante, mais qui rappelle aussi que l’école de Jules Ferry a été plus ou moins bâtie sur le modèle de la prison, ou de la caserne. À l’époque, le but était assez simple : les jeunes devaient être enfermés (est-ce qu’il y a beaucoup d’autres pays où les écoles sont grillagées, ou même entourées de murs ?).
Après tout cela, j’ai apprécié la lecture dans le Monde daté de vendredi, d’un entretien avec Marcel Gauchet , dont la phrase « une pédagogie vraiment éclairée est à inventer ». Comme Bentolila, Gauchet considère qu’apprendre demande des efforts, et que c’est justement pour cela que cela doit être rendu intéressant et attrayant. Et que les questions de plaisir et de confiance en soi doivent être au cœur de l’acte éducatif.
Pendant ce temps, se multiplie la production de « sérious games », ces outils numériques qui s’appuient sur les motivations du jeu vidéo pour faire apprendre des choses « sérieuses ».
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