Les niches parlementaires permettent aux groupes de mettre en avant les questions qui leur paraissent à la fois prioritaires et non prises en compte par le gouvernement. Les sujets mis en avant par les alliés du PS depuis quelques mois sont à cet égard révélateurs de ce qu’ils sont profondément et les séparent du parti majoritaire
Le parti communiste a tiré le premier avec sa proposition d’amnistie sociale pour les syndicalistes, proposition qui a été élargie à d’autres catégories comme les faucheurs d’OGM pour la rendre plus attrayante aux yeux d’autres députés. Il ne s’agissait pas ici de défendre des personnes attaquées par des patrons voyous ne respectant pas les règles de la démocratie, mais bien d’affirmer que dans le combat contre le Capital, ne pas respecter la loi et utiliser la violence est légitime.
Les sénateurs socialistes, plus attachés à la démocratie formelle que leurs alliés communistes, ont utilisé le travail en commission pour fortement atténuer l’ambition affichée. Ils n’ont pas écouté les menaces d’un JL Mélenchon rappelant son peu d’attachement aux libertés individuelles dites formelles en se montrant prêt à les clouer individuellement au pilori, comme si on se trouvait encore à l’époque de la Terreur.
Les radicaux de gauche viennent d’essuyer un échec à l’Assemblée nationale sur le texte qu’ils avaient à leur tour présenté dans le cadre de la niche parlementaire. Celui-ci avait trait à la recherche sur l’embryon, dans un texte que le Monde trouvait mesuré dans son éditorial de vendredi, mais qui n’a pas eu l’heur de plaire à des députés UMP, sans doute plus sensible que le groupe PRG (!) aux arguments des catholiques, qui viennent de montrer dans la rue à l’occasion du mariage gay qu’ils étaient capables de rassembler des foules sur des sujets de société. Le texte a cette fois été la victime de la limite de durée d’une journée parlementaire et des 300 amendements déposés par la droite.
Le groupe EELV du Sénat a pour sa part déjà annoncé la manière dont il compte utiliser sa niche parlementaire : en s’attaquant à l’obsolescence programmée, par une mesure qui obligerait les fabricants à garantir leurs produits pour cinq ans. Dans la foulée, le sénateur Placé a affirmé que cela permettrait aux fabricants français de prendre une longueur d’avance sur leurs concurrents. On imagine en effet assez bien que les responsables d’EELV connaissent mieux le marché que les entreprises qui se battent tous les jours pour présenter des produits qui rencontreront la faveur de leurs clients !
Mais dans la vulgate de certains écolos, les consommateurs sont aveuglés par la publicité et ne savent pas ce qu’ils font, contrairement aux heureux élus qui ont bien vu le complot mené par les affreux capitalistes. Tellement bien vu que c’est toujours le même exemple qu’ils prennent pour leur démonstration, sans s’interroger sur la raison qui fait, par exemple, que l’industrie automobile, la plus grand consommatrice de publicité pourtant, voit la durée moyenne de vie de ses produits augmenter fortement depuis 20 ans.
Idéologie, quand tu nous tiens !
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