Dans un discours aux maires assemblés en congrès, Le Président de la République a proposé un moyen qu’il imaginait consensuel pour rassurer les opposants, proposition qui ne lui a apporté que des attaques de chacun des deux camps, les pro et anti mariage homosexuel. Peut on arriver à traiter correctement la question essentielle, celle de la filiation ?
Un citoyen et ancien journaliste dont la fille homosexuelle a eu deux enfants, se dit scandalisé sur le site du Nouvel Observateur par le discours des opposants au mariage homosexuel. Il a voulu raconter un exemple vécu mais il a réussi à me scandaliser à son tour, avec cette phrase de présentation de l’article : il a deux petits-fils qui sont issus de la relation homosexuelle d’une de ses filles.
Je ne sais pas si la phrase est de lui ou du secrétaire de rédaction, mais elle révèle une grave confusion : non, ses deux petits-fils ne sont pas issus de la relation homosexuelle de sa fille ! Ils sont issus de l’union d’un ovule de sa fille avec le sperme d’un homme, dans le premier cas celui d’un ami, dans le deuxième cas, celui d’un donneur anonyme dans le cadre d’une PMA
Le texte proposé par François Brutsch en commentaires de mon article précédent, intitulé « les embrouilleurs de filiation » s’attaque justement avec beaucoup de clarté à bien distinguer :
- La parentalité biologique fondée sur l’hérédité génétique
- La parentalité nominatrice, fondée sur le choix du nom de l’enfant
- La parentalité éducative, fondée sur le lien privilégié entre qu’un adulte établit avec un enfant avec lequel il se trouve en situation parentale
Cette séparation me parait de nature à ne pas « mentir aux enfants » tout en décrivant clairement les parentalités qu’il est amené à vivre, par exemple avec le nouveau conjoint de sa mère ou de son père biologique, ou dans certain cas sa grand-mère ou ses parents adoptifs, voire sa famille d’accueil
Le terme de partenariat adopté par les Suisses pour un statut de couple homosexuel qui , si j’ai bien compris, n’est pas un mariage au rabais, permet aussi de ne pas faire semblant de croire qu’un couple homosexuel et un couple hétéro sexuel sont identiques, quand justement les adultes concernés (à l’exclusion de ceux qui s’affichent bi sexuels) ont justement fait le choix d’un conjoint d’un certain sexe, et pas au hasard
Jean Pierre Rosenczveig, le très célèbre président du tribunal pour enfants de Bobigny, refuse de laisser les adultyes, homosexuels ou pas, instrumentaliser les enfants au service de leurs intérêts d’adultes. Dans un article, mis en lien par un commentaire de Michel, qui me semble basé sur des concepts assez proches du précédent, il plaide pour que celui ou celle qui se trouve de fait chargé d’une parentalité éducative sns qu’elle soit biologique, soit reconnu dans cette parentalité, sans pour autant la confondre avec une parentalité biologique
Il me semble qu’il y a dans ces deux textes et dans l’exemple de nos voisins suisses, des éléments pour remettre à l’endroit un débat qui ne l’est pas
PS : dans son dernier article, Koz montre, citations juridiques à l'appui, qu'en pratique les adultes concernés disposent de tous les moyens juridiques nécessaires pour traiter les questions de parentalité éducative. N'étant pas juriste (lui, si) j'aurais tendance à lui faire confiance à la nuance près que dans cette affaire il a clairement fait entendre de quel côté il est
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