Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif fait savoir qu’il se bat pour sauver les entreprises en difficultés et surtout les emplois menacés. Il s’appuie pour ce faire sur des structures existantes depuis longtemps, notamment le CIRI qui vient de fêter ses 30 ans d’existence et en a profité pour décrire ce qu’il fait.
L’ami Hugues Serraf de Commentaires et Vaticinations, (celui qui fait ce jeudi 18 octobre à 19h 30 une séance de signature pour son nouveau livre « ils sont fous ces juifs », à la librairie Libralire dans le 11ème) s’est interrogé le mois dernier sur les annonces faites par notre ministre concernant l’action menée pour sauver des milliers d’emploi dans 91 entreprises. En bon journaliste, il a voulu vérifier l’information en demandant la liste des entreprises concernées, ce qui fait réagir la communicante qui lui répondait : vous croyez que je mens ? s’est-elle indignée, comme si les responsables de la communication était réputé pour l’absolue neutralité et honnêteté des informations qu’ils délivrent.
Au bout de son analyse en deux temps, Hugues a pu comprendre que le ministre s’appuyait sur des structures qui existent depuis longtemps : le CIRI, organisme national, pour les entreprises de plus de 400 salariés, et les CODEFI, pour le niveau départemental. Le nouveau ministre a ajouté un niveau régional à ce dispositif avec la nomination de 22 commissaires du redressement productif, dont on peut se demander s’ils ne servent pas d’abord à jouer la mouche du coche CODEFI. On remarquera au passage que, si le CIRI est une organisme interministériel, comme son nom l’indique, il dépend du ministère des finances !
Mais les éléments du rapport d’activité du CIRI permettent de revisiter la question de Marianne Zalc-Muller, la communicante qui a répondu à Hugues « vous croyez que je mens ?
L’Etat n’a pas l’habitude de mentir quand il produit des chiffres, et c’est un de ses rôles avec notamment l’INSEE. Mais justement, la lecture des notes de l’INSEE montre qu’une des questions clés quand on publie des statistiques est de bien préciser de quoi on parle. Et clairement, les communicants ont rarement ce genre d’état d’âme !
Hugues a ainsi montré que la statistique avancée ne concerne pas des entreprises sauvées et des emplois qui le sont aussi, mais des dossiers traités, notion dont la définition est beaucoup plus sure que celle d’emploi sauvé.
Mais on peut aller plus loin en se posant des questions sur le périmètre. Dans les deux articles d’Hugues comme dans le peu que j’ai lu sur Internet, il n’est pas précisé les périodes pendant laquelle ont été traités ces dossiers : s’agit-il de dossiers ouverts depuis l’arrivée du nouveau ministre, de dossiers clos depuis cette arrivée ou de dossiers en cours de traitement ?
Pinaillage ? Pas vraiment ! La lecture du rapport du CIRI montre que le traitement d’un dossier peut être assez long : page 23, on apprend que le CIRI a suivi 68 dossiers en 2011, dont 42 ouverts pendant l’exercice, ce qui signifie que 26 étaient en cours en début d’année. Il était précisé que 31 dossiers étaient toujours en cours en fin d’année. En 2010, 79 dossiers avaient été suivis dont 44 ouverts en cours d’année. On peut en déduire une durée moyenne de traitement qui doit se situer autour de 8 ou 9 mois (avec certainement des durées de traitement assez variables d’une entreprise à l’autre). Autant dire que de l’ordre de la moitié du stock en cours de traitement correspond à des dossiers ouverts avant la nomination de Montebourg et qu’une grand partie des dossiers clos depuis cette date ont été ouverts avant !
Bon, il faut que j’aille travailler : mais je compte bien revenir sur le sujet prochainement !
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