L’attribution du prix Nobel de la Paix à l’Union Européenne suscite déjà des commentaires de partout, positifs ou critiques. L’une des questions non résolue pour l’instant est de savoir qui doit aller recevoir le prix, le président de la commission Européenne Juan Manuel Barroso, le président du Conseil Européen, Herman Von Rompuy ou celui du Parlement, Martin Schulz.
En fait, ce sont d’abord aux pères fondateurs qu’il faudrait pouvoir remettre le prix. Mais on peut aussi remonter plus loin dans l’histoire : une visite des musées des capitales européens montre à quel point les échanges de toutes sortes (techniques et culturels avant tout) étaient importants dès le moyen âge.
Sans aller jusque-là et pour ne prendre que le 20ème siècle, celui-ci voit le leader socialiste Jean Jaurès assassiné en raison de son pacifisme et son opposition au déclenchement de la première guerre mondiale. On voit avec lui l’un des courants politiques qui seront à l’origine de la construction européenne, celui de la social-démocratie.
Richard Nikolaus de Coudenhove-Kalergi est peut être le premier des fondateurs de l’idée européenne. Fils d’un diplomate austro-hongrois, et d’une japonaise, il prendra la nationalité tchèque en 1919 au moment de l’éclatement de l’empire austro hongrois. Marié à une juive, il se réfugie en Suisse puis aux Etats Unis après l’Anschluss, mais prend la nationalité française en 1939.
Il lance son premier appel à l'unité du Vieux continent dès 1922, développe son projet dans un livre paneuropa en octobre 1923 et lance le mouvement paneuropéen, dont le premier congrès réunit 2000 participants en 1926. C’est lui qui propose en 1929 de choisir comme hymne européen l’Ode à la joie de Schiller sur la musique de la 9ème de Beethoven. Son mouvement débouchera en 1949 sur la fondation du conseil de l’Europe.
En 1925, Aristide Briand signe pour la France les accords de Locarno, quii stabilisent les frontières occidentales de l’Allemagne mais échouent à stabiliser ses frontières orientales. Il reçoit en 1926 le prix Nobel de la paix, conjointement avec Gustav Stresemann, le signataire allemand de ces accords.
Mais c’est bien sûr la fin de la deuxième guerre mondiale qui voit l’arrivée de ceux que l’on appelera les pères de l’Europe. D’après Wikipédia, ce surnom a été attribué à un groupe de 7 personnalités historiquement défini : l'Allemand Konrad Adenauer, le Luxembourgeois Joseph Bech, le Néerlandais Johan Willem Beyen, l'Italien Alcide De Gasperi, les Français Jean Monnet et Robert Schuman et le Belge Paul-Henri Spaak. La plupart sont des démocrates chrétien, à la notable exception de Paul Henri Spaak, socialiste (l’appartenance partisane de Beyen, d’origine technocratique, n’est pas précisée par Wikipédia).
Les groupes sociaux-démocrates et démocrates chrétien dominent pendant longtemps le Parlement européen, assurant une domination écrasante aux idées pro européennes dans cette enceinte.
On peut légitimement reconnaître au couple Mitterrand/ Kohl un rôle important dans la poursuite de la construction européenne, ainsi qu’évidemment à Jacques Delors dont on notera qu’il est un chrétien engagé dans la mouvance sociale-démocrate !
Pour finir sur la paix, on notera que le choix de l’élargissement aux ex pays de l’est au détriment de l’approfondissement de l’Union, s’il était forcément discutable, est un choix qui va, au moment où il est fait et au moins à court et à moyen terme, clairement dans le sens de favoriser la paix sur le continent.
Ce prix Nobel de la Paix, attribué sans doute tardivement par une institution d’un pays qui a refusé l’entrée dans l’Europe, est d’abord un hommage aux fondateurs de l’UE. Merci à eux.
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