Le successeur de François Chérèque à la tête de la CFDT, Laurent Berger, originaire de Guérande en Loire atlantique, a été pendant trois ans secrétaire général de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Il vient de la même région que l’actuel premier ministre, Jean Marc Ayrault, passé lui par le Mouvement Rural de la Jeunesse Chrétienne.
Il y a quelques mois, à l’occasion de mon anniversaire, des amis mon offerts quelques BD dont « les mauvaises gens », d’Etienne Davodeau. Celui-ci raconte en fait l’histoire de ses parents. Le sous-titre est éloquent : une histoire de militants.
Les parents du dessinateur sont originaires des Mauges, la partie Sud-Ouest du département du Maine et Loire, ce département d’où vient le premier ministre. Ils se sont connus grâce à la JOC et c’est là qu’ils ont fait tout leur apprentissage de militants.
Cela se passait au tournant des années 60, quand JM Ayrault est passé par le MRJC dans le tournant des années 70 et Laurent Berger par la JOC au tournant des années 90. Des périodes différentes donc, mais un même type d’apprentissage autour du fameux triptyque « Voir, Juger, Agir » cher au fondateur de la JOC l’abbé Cardijn (qui sera nommé cardinal par Paul VI en 1965, deux ans avant sa mort).
Il sera bientôt question de Vatican II, avec les 50 ans de son ouverture le 11 octobre 1962. Le développement de l’action catholique s’est fait avant cet aggiornamento de l’Eglise catholique mais il n’y est évidemment pas étranger, au même titre que le renouvellement liturgique ou la montée des études exégétiques.
Au point que dans les années 60 ou 70, certains ont pu penser que l’Eglise française donnait à ces mouvements une priorité exagérée, comme me l’avait fait remarquer un responsable scout exaspéré de ne pouvoir obtenir pour sa troupe un peu de temps du vicaire chargé des jeunes.
L’abbé Cardijn veut redonner sa dignité à la jeunesse ouvrière et donner aux jeunes le goût des responsabilités et de l’initiative. Comme le montre Etienne Davodeau dans sa bd, les mouvements comme la JOC et le MRJC produisent des générations de militants qui deviendront ensuite des syndicalistes actifs puis s’inscrirons en politique, bien souvent aux côtés du Parti Socialiste.
Dans ce département du Maine et Loire, très conservateur il y a 50 ans, cela va contribuer à la remontée de la gauche. En 1965, François Mitterrand recueille 32.50% des voix au second tour, à 12.3 points de son score national. Jean Lecanuet a obtenu 25.27% des voix, contre 15.57% au niveau national. En 2012, François Bayrou obtient 12.77% au premier tour et Marine Le Pen 13.88%. Au second tour, François Hollande est à 48.85%
A l’image du Maine et Loire, c’est toute la partie centrale de la façade atlantique, de la Basse Normandie au Poitou Charentes en passant par la Bretagne et les Pays de la Loire qui va progressivement passer de la droite vers la gauche entre 1965 et 2012. En 1965, au second tour, François Mitterrand est à 31.63% en Basse Normandie, à 36.85% en Bretagne, à 36.36% dans les Pays de la Loire et à 45.41% dans un Poitou Charente marqué par le radicalisme. En 2012, au second tour, François Hollande obtient 50.83% en Basse Normandie, 56.35% en Bretagne, 51.13% dans les Pays de la Loire et 55.51% en Poitou Charente. Les progressions sur 47 ans sont donc respectivement de 19.2%, 19.50%, 14.77% et 10.10% (mais 15.55% en Vendée) quand le gain n’est que de 6.84% au niveau national.
On trouve d’ailleurs dans la liste d’anciens de la JOC publiée par Wikipédia, Jean Yves le Drian, actuel président PS de la région Bretagne et ancien leader national de la JEC, mais aussi plusieurs députés du Nord.
Les mouvements de jeunesse de l’action catholique (JOC, JEC, MRJC, ACE) comme les mouvements d’adultes (ACO, ACI, MCC, …) sont encore bien vivants, même s’ils n’ont plus l’impact et les effectifs des décennies passées et si c’est surtout aujourd’hui les écoles catholiques et le scoutisme qui « fournissent » de jeunes séminaristes.
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