Les activistes manipulateurs d’informations et annonciateurs de catastrophes ne désarment pas : l’un d’eux vient de publier une étude sur un lien supposé entre cancers et OGM. Vu les biais méthodologiques, l’étude sera forcément démolie par la communauté scientifique, mais ce fait passera inaperçu, le grand public ayant été ciblé préventivement sur les résultats affichés.
Donc la page 6 du Monde de vendredi 21 septembre est entièrement dédiée à »une étude qui relance la polémique sur les OGM ». Le mot polémique est bien choisi : l’étude en question prétend trouver un lien de causalité entre le développement de tumeurs chez le rat et l’absorption de maïs OGM, à rebours de toutes les études menées sur le sujet, mais surtout, les pratiques de l’auteur de cette étude paraissent hautement contestables.
La lecture des articles montre en effet que l’auteur de l’étude a tout organisé pour que la communication au grand public puisse être faite très largement avant que les scientifiques aient le temps d’analyser l’étude et d’éventuellement en critiquer les méthodes. Or, justement, les dites méthodes paraissent très critiquables. Même Hervé Kempf, pourtant souvent prêt à relayer les thèses les plus extrêmes de certains écologistes se montre réservé devant « un scientifique engagé », critiqué pour son mélange des genres entre étude scientifique et engagement militant. Il conclut : « l’étude publiée marque un tournant dans la carrière de Mr Séralini. Si sa qualité est validée, il prendra une nouvelle stature. Sinon… »
Sous le titre NK603, l'information écologiquement modifiée, Protéos a déjà décrypté quelques biais dans l’étude, notamment dans l’interprétation des résultats : les rats ayant absorbé les doses les plus fortes de maïs OGM ont moins de tumeurs que ceux qui n’en n’ont pas pris, ce qui devrait être interprété à rebours de ce que concluent les auteurs de l’étude ! Mais il critique lui aussi la méthode de communication.
Il n’est pas le seul : un blog de Libération critique sévèrement le Nouvel Observateur qui, pour avoir le scoop et consacrer sept pages à l’étude, a accepté de ne pouvoir demander aucun regard critique à un autre scientifique. Il est vrai que pour Séralini, les (très nombreuses) études qui ont toutes conclu à une absence de toxicité particulière des maïs OGM ont été réalisées par des scientifiques qui sont tous vendus à l’industrie donc à ce titre forcement disqualifiés.
Au lieu de défendre leur point de vue par l’appel à une théorie du complot pourtant particulièrement efficace dans l’opinion à en juger par les commentaires des articles, les critiques de Séralini ont le tort de s’inscrire dans le champ de la méthode scientifique, comme le fait cet ancien de l’INRA interrogé par le Monde, qui affirme : « Le protocole d'étude de M. Séralini présente des lacunes rédhibitoires ». Ce qui n’empêche pas l’éditorial du Monde de samedi de tomber dans le panneau de la demande d’expertise indépendante !
D’autres blogs de spécialistes du sujet décortique l’étude : le blog « OGM : environnement santé et politique » ou le blog « imposteurs », dont le titre annonce déjà la posture et qui avait déjà pointé du doigt Séralini en mai, avant d’analyser sa dernière étude en deux parties. Il note par exemple que le taux de tumeurs constaté dans le groupe témoin (non nourri aux OGM) n'est que de 30% (soit moins que dans la plupart des autres groupes), mais que ce résultat est faible pour la race de rats utilisé : une rate de cette race a 80% de "chances" de développer une tumeur en deux ans, ce qui fait que le groupe test de 10 rats avait une chance sur 1000 de compter moins de 4 morts par cancer sur 10 ! Apparemment, cela n'a pas géné le chercheur !
Il est probable que toutes ces mises au point n’auront servi à rien, tant une partie (majoritaire ?) de la population n’a qu’une envie : croire ce que lui annoncent ces prophètes de malheur !
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