Le vote des Grecs aux législatives a fourni une assemblée ingouvernable et qui voit entrer en forces les partis extrêmes, à gauche comme à droite. Le refus de la population d’accepter les mesures d’austérité met en réalité en péril toute la zone euro. Il y a un risque élevé d’une crise monétaire grave dans les jours ou les semaines qui viennent.
L’arrivée des néo-nazis, qui obtiennent 21 sièges sur 300, la deuxième place du parti Syrisa qualifié de gauche radicale qui obtient 51 sièges sont évidemment en soi des problèmes majeurs. Mais en pratique, ce qui risque de bloquer le système, c’est le fait que les deux partis qui ont approuvé le plan d’austérité imposé par l’Europe n’ont ensemble que 150 sièges (il leur en manque donc un pour avoir la majorité absolue) et surtout n’ont obtenu 32,4% des voix contre 77,4% en 2009, ce qui ne donnera guère de légitimité aux mesures qu’ils prendront.
En attendant les résultats définitif, on peut imaginer trois solutions : une chambre ingouvernable, une alliance Pasok/ Nouvelle Démocratie renforcée par un ou deux députés transfuges des autres partis contre avantage ou la même alliance devant négocier chaque décision au cas par cas.
Dans les deux derniers scénarios, le gouvernement ira négocier avec l’Europe une évolution des conditions en s’appuyant sur les résultats électoraux, par exemple pour reprendre quelque peu les revendications du parti Syrisa : la suspension du service de la dette, l'effacement d'une partie de la dette publique et des mesures de relance.
Confrontés au risque de perdre les 240 milliards d’euros déjà prêtés et à celui de l’éclatement de la zone euro, les eurocrates devront bien trouver un compromis, la difficulté étant de le faire accepter à une Allemagne confrontée à un recul récent de son PIB à cause de la baisse de la demande dans l’UE.
Comme d’habitude, tout cela prendra du temps. Rien ne prouve que les marchés accordent ce temps aux négociateurs. Plus que les pertes grecques, ceux-ci vont s’inquiéter pour la dette des autres pays du sud de l’UE, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, et pourquoi pas la France. Ce qui devrait signifier une remontée des taux d’intérêt, et une défiance vis-à-vis des banques qui pourrait se traduire au pire par des faillites en série, au mieux par un resserrement du crédit, celui-là même que les monétaristes estiment être la principale cause de la crise de 29.
François Hollande n’aura certainement pas le temps de souffler et on souhaite bonne chance à Michel Sapin s’il devient ministre des finances !
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