Le bobo n’est pas électeur de Marine Le Pen. Il suffit de regarder les guignols de l’info sur Canal plus, émission bobo par excellence, pour s’en persuader. Mais les résultats de ce premier tour en donnent une preuve éclatante, à commencer par ceux de la capitale qui, une fois de plus, se refusent au vote frontiste, et ce dans tous les arrondissements, riches ou pauvres.
Paris est le département où Marine Le Pen fait son plus mauvais score (6.20%), juste devant les Hauts de Seine (8.51%). Le Val d’Oise est le seul département d’Ile de France où elle dépasse 15% (à 15.60) soit encore loin de son score national, ce qui lui fait 12.28% sur l’ensemble de la région, moins qu’ne Bretagne par exemple.
A Paris, elle fait son plus mauvais score (4.20%) dans le 3ème, arrondissement bobo s’il en est, et reste très faible dans la riche partie de l’Ouest et dans ce centre où les prix du M2 atteignent des sommets, pour aller péniblement entre 6 et 7 dans les 18ème, 19ème et 20ème, son meilleur score étant de 6.96 % dans le 12ème.
J’ai comparé les scores des six premiers candidats dans 30 grandes villes hors Ile de France, toutes préfectures (à l’exception de Reims) avec celui obtenu par les mêmes dans leur département. Le résultat est sans appel : en moyenne (non pondérée) Marine Le Pen fait au moins 5% de moins que dans le département, quand François Hollande gagne au contraire plus de 4 points. De son côté, Nicolas Sarkozy en perd plus d’un, Mélenchon en gagne plus d’un alors que François Bayrou est stable. C’est sans doute le vote Joly qui est le plus marqué par l’opposition centre/ périphérie, mais mon analyse n’est pas assez précise (j’ai travaillé à la main à partir des résultats publiés par le Monde et procédé par arrondi).
Dans le détail, Nicolas Sarkozy a quelques grandes villes qui lui sont particulièrement défavorables (il perd 6 points à Strasbourg et 5 à Rennes) et quelques-unes qui le voient au contraire mieux placé que dans leur département : Bordeaux et Nancy lui donnent 4 points de plus.
La règle est par contre quasiment sans exception pour le candidat socialiste et la candidate frontiste.
S’il ne gagne qu’un point par rapport au département à Bordeaux et à Toulouse, François Hollande est particulièrement favorisé par Strasbourg (+11% !) Rennes, Montpellier et Grenoble (+8%) ou Orléans (+7%).
Marine Le Pen n’approche son score départemental qu’à Nice (écart inférieur à 1%), Limoges (1%). Mais c’est Toulon qui constitue l’exception en lui donnant plus de voix en pourcentage que le Var. Marseille lui est aussi favorable avec un écart limité à 2%. Par contre, elle est très loin à Strasbourg et Nancy (-11%), à Montpellier (-9%) ainsi qu’à Orléans, Lille, Rouen et Grenoble(avec -8%).
On comprend que l’électeur frontiste n’aime guère les médias et les journalistes, souvent largement peuplés de bobos.
A signaler pour finir que par profession, Marine Le Pen enregistre ses plus mauvais scores chez les cadres et professions libérales (9%) et les professions intermédiaires (12%)
Les commentaires récents