Les candidats à la présidentielle peuvent-ils proposer un rêve aux Français ou est-ce impossible à l’heure où le niveau de la dette condamne les politiques sérieux à réduire les déficits ? C’est la question posée par Koz, qui aimerait se voir « proposer le rêve d’un pays qui se ressoude pour rayonner encore ».
Il existe bien sûr encore des marchands de rêve aux extrêmes, mais ceux-là habillent leurs propositions de mensonge ou de haine, et on sait bien que le rêve qu’ils proposent cache plus probablement des cauchemars.
Koz reconnait que ses idées ne sont que des mots, et il invite à leur donner un contenu concret, en prenant comme premier exemple l’idée d’une exposition universelle en 2025. Mon programme pour 2012 n’ayant pas dépassé le stade d’une analyse des contraintes budgétaires, pourquoi ne pas lui répondre, en 4 propositions qui sont autant de rêves : transformer l’école pour que chacun en sorte qualifié, intégrer les étrangers et leurs descendance, construire une société apaisée et enfin construire une société assainie.
J’ai justement un article qui traîne à propos du livre « la machine à trier » sur le premier sujet. Dans un récent dîner en ville, j’ai rencontré une personne qui proposait de refonder l’école pour en faire d’ici dix ans « une école idéale », et qui comparait ce projet au défi lancé par Kennedy de marcher sur la lune avant dix ans.
Pour ce qui concerne les descendants d’étrangers, je rappellerai simplement cet étude de l’INSEE dont j’avais fait un article, qui montrait que les hommes d’origine maghrébine étaient 2.5 fois plus souvent au chômage que les autres Français, et que si un tiers de l’écart était dû au niveau de diplôme, le reste s’expliquait notamment par la discrimination.
Les réactions des Français à propos de la sécurité des biens mais surtout des personnes, montrent d’abord qu’ils sont dans leur grande majorité en attente d’une société apaisée. Celle-ci est d’ailleurs en construction, si on en croit l’exemple de la baisse continue du nombre d’homicides dans notre pays.
Dans un article de la revue Sciences Humaines de ce mois, intitulé « pourquoi les bobbies sont sympas », on découvre une étude de sociologie menée par deux britanniques qui explique que les citoyens anglais se montrent dans leur jugement sur les policiers, « plus sensibles au critère d’équité, c’est-à-dire à un comportement juste de la police, qu’aux résultats plus ou moins palpable de son action ». Du grain à moudre pour l’ami Eolas !
Une société apaisée suppose aussi de limiter les inégalités (et aujourd’hui, l’enjeu est surtout d’éviter qu’elles ne s’accroissent) et de sortir de la société de défiance , donc de réduire les conséquences de nos multiples corporatismes
Dernier point : une société assainie, c’est-à-dire plus respectueuse de son environnement. Je partage le souci de bien des Français sur ce point, mais absolument pas celui des écologistes. De gros progrès ont déjà été faits dans ce domaine, mais il faut continuer, dans toutes les directions déjà tracées bien sûr, mais avec un accent particulier sur tout ce qui peut contribuer à éviter le réchauffement climatique. Dans cette optique, la décroissance du nucléaire n’est évidemment pas la priorité !
Mes quatre rêves ne sont pas utopiques. C’est plus une question de méthode que de moyens supplémentaires, mais cette question de méthode est compliquée, car il s’agit de faire évoluer des comportements partout, ce qui n’est pas vraiment un savoir-faire de l’Etat. Mais ces rêves sont en cœur de la construction européenne, parce que partagés par une majorité de citoyens.
Les commentaires récents