La DARES a publié ce mois deux études concernant les femmes au travail, l’une à propos de leur salaire, toujours inférieur à celui des hommes, et l’autre à propos de leur activité. Cette dernière analyse l’évolution du taux d’activité des femmes sur longue période et fait des comparaisons européennes.
Je n’ai lu que la synthèse de l’étude sur les salaires. Retenons que l’écart hommes/ femmes est de 12% sur le salaire horaire de base, de 14% sur le salaire horaire moyen (car les hommes font plus d’heures supplémentaires majorées) et de 24% sur l’ensemble de la rémunération, en raison de la fréquence élevée du temps partiel chez les femmes.
Je me suis donc plus intéressé à l’étude sur « les disparités sur le marché du travail entre les hommes et les femmes ». On y trouve des éléments de l’évolution sur longue période que je connaissais déjà, mais qu’il faut bien retenir
- Le taux d’activité des femmes a beaucoup augmenté depuis 1975 mais il n’a pas rattrapé celui des hommes : l'écart est passé de 31 points en 1975 à 8.4 points en 2010
- Le taux de chômage des femmes, jadis largement supérieur à celui des hommes, se rapproche de celui-ci : l’écart est passé de plus de 3 points en 1985 à moins de 1 en 2010
- Ces tendances sont observées dans tous les pays de l’UE à 15, au-delà des spécificités de chacun
Mais l’étude ne se limite pas à ces constats, et on trouvera ci-dessous quelques éléments que je retiens de ma lecture
- La population active a stagné de 1910 à 1960 et a progressé ensuite d’environ 40% avec plus de 8 millions d’actifs supplémentaires, du fait du baby-boom, de l’apport migratoire et de l’augmentation du taux d’activité féminin. Cette dernière a fourni 2.5 millions d’actifs supplémentaires.
- L’espérance d’activité des hommes de 15-64 ans s’est accrue entre 2000 à 2010 (+1,2 an) avec la progression de l’activité des seniors, alors que le nombre d’années d’activité entre 25 et 54 ans restait stable
- La France est après la Finlande le pays qui compte la plus forte proportion de femmes parmi les actifs (47.7% contre 45.5% pour l’UE à 15)
- Le taux d’activité féminin baisse avec le nombre d’enfants, surtout quand ceux-ci sont en bas âges, et que leur mère est peu diplômée
- Pourtant, depuis les années 90, ce sont les pays qui ont le plus fort taux de fécondité qui ont également le plus fort taux d’activité féminin, ce que l’étude explique par « le dynamisme des politiques publiques visant à faciliter la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle ». Les pays qui ont le plus fort écart entre les taux d’activité masculins et féminins, sont dans l’ordre, l’Italie, la Grèce, le Luxembourg, l’Irlande et l’Espagne, maiscet écart a fortement diminué dans tous ces pays depuis 1975. Au Pays bas, l’écart est passé de 50 points en 1983 à 11 en 2010
- Le taux de chômage féminin est inférieur à celui des hommes dans tous les pays anglo-saxons et scandinaves
- Le taux de chômage dépend du niveau de diplôme, pour les femmes comme pour les hommes, et c’est particulièrement vrai en début de carrière. (voir tableau 4)
- Le taux de chômage des jeunes femmes est plus faible que celui des hommes chez les diplômés du supérieur et plus élevé chez les non diplômés
- Le taux de chômage des peu ou pas diplômés est pour les femmes de 49.2% dans les 1 à 4 ans après la formation initiale, de 33.3% entre 5 et 10 ans et de 12.6% au-delà de 11 ans. La tendance est semblable chez les hommes
- 30% de femmes travaillent à temps partiel contre 6.4% des hommes. Dans l’UE à 15, les taux sont respectivement de 36.9% et de 8.5%. Aux Pays Bas, ils sont de 76.2% et 24.2%
- Un peu moins d’un quart des emplois à temps partiels féminins sont subis. C’est le cas pour un peu plus d’un tiers des emplois à temps partiel masculins.
- 26.2% des femmes actives sont salariées de la fonction publique, alors que ce taux est de 14.2% pour les hommes. Les écarts existent dans chacune des trois fonctions publiques, l’écart maximum étant observé dans la fonction publique hospitalière.
- Les hommes sont non-salariés deux fois plus souvent que les femmes
- Beaucoup de métiers sont très sexués, avec une présence féminine supérieure à 84% ou inférieure à 16%
- Les femmes sont sur représentées dans les emplois pas ou peu qualifiés
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