La France a connu une légère croissance au dernier trimestre 2011, malgré les conséquences de la crise de l’euro. Plusieurs indicateurs sont dans le vert pour l’année 2012, que ce soit la hausse de la Bourse ou les prévisions d’investissements dans l’industrie manufacturière : la morosité générale serait-elle prise en défaut ?
Les prévisionnistes craignaient une légère récession sur les deux trimestres à cheval sur le changement d’année. C’est ce qui a commencé à se passer en Allemagne, dont le PIB a reculé de 0.2% au dernier trimestre. Mais en France, le PIB progresse de 0.2%.
Ce résultat positif provient d’évolutions contrastées : la demande intérieure finale hors stocks a contribué pour 0.3% à la croissance, le commerce extérieur pour 0.7% et la variation de stock pour -0.8%. Il est donc difficile de tirer des enseignements de phénomènes aussi contrastés, qui doivent probablement en partie à la fabrication et la livraison des Airbus.
Sur l’ensemble de l’année, la France enregistre une croissance de 1.7%(contre 1.4% l’année précédente). Contrairement à la tradition du pays, où la croissance est tirée par la consommation des ménages, celle-ci n’a augmenté que de 0.3% en 2011, la croissance s’expliquant un peu par la dépense publique (+0.9%) mais surtout par l’investissement (+2.9%), celui des ménages (+2.6%) et surtout des entreprises (+4.2%, il est vrai que ce dernier avait fortement baissé avec la crise). Mais le levier majeur a été celui de la variation des stocks, qui explique la moitié du résultat et surtout la totalité de la forte croissance du premier trimestre.
Depuis trois ans, la variation des stocks est assez erratique : au plus fort de la crise, du 4ème trimestre 2008 au deuxième trimestre 2009, elle provoque un recul de 1.8% du PIB, qui recule de 2.6% sur la période ! Elle a ensuite contribué pour 0.9% à la croissance au 4ème trimestre de 2009, pour 1% au premier trimestre 2011 et donc pour -0.8% pour le dernier trimestre. Au total, la contribution positive de 2010 et 2011 compense exactement celle négative de 2009. On peut donc imaginer que le niveau actuel des stocks est à peu près normal.
Il faut donc chercher ailleurs des éléments de prévision. L’évolution des exportations a été identique à celle des importations, à un niveau de +5%, plus faible que ce qui avait été constaté en 2010 (respectivement +9.3% et +8.3%) après le très fort recul de 2009 (respectivement -11.2% et -9.7%), probablement du fait du ralentissement de la croissance en Europe.
En janvier 2012, les chefs d’entreprise des industries manufacturières estiment que leurs investissements ont augmenté de 10 % en 2011. Ils ont révisé d’un point à la baisse leurs précédentes prévisions recueillies en octobre dernier. Ils prévoient une nouvelle progression de 7% pour 2012. Mais l’indicateur de climat des affaires n’a pas fait apparaitre de retournement en janvier : à 91, il se situe à un niveau médiocre.
Autre indice positif, l’évolution de la Bourse, qui est sensée anticiper l’évolution de l’économie. A 3439,62 en fin de séance le 17 février, l’indice du CAC 40 a augmenté de 6.65% depuis un mois, de 8.86% depuis le début de l’année et de 12.23% depuis 3 mois, un moment où il était dans les plus bas. Mais il est encore loin des plus de 4000 atteints en mai 2011.
Plus concrètement, les taux obligataires, montés du fait de la crise de l’euro, se détendent (très) doucement : le 17 février, le taux français à 10 ans se situe à 3.01% (contre 2.99% la veille), l’allemand est à 1.93% et l’italien à 5.58%. Le 12 janvier, les taux étaient respectivement à 3.06%, 1.84% et 6.57%, marquant déjà une diminution des écarts par rapport au mois précédent. Mais le feuilleton grec n’est toujours pas clos…
Rien n’est donc joué pour les prochains mois…
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