Etre victime de violence conjugale n’est pas uns situation facile à vivre, allez porter plainte ensuite non plus. Les femmes concernées aimeraient bénéficier au moins d’un accueil protecteur au poste de police. Las, ce n’est pas forcément toujours le cas comme l’histoire ci-dessous le montre une fois de plus.
Cette jeune mère de quatre enfants est mariée à un homme gentil et attaché à ses enfants. Malheureusement, il a un faible avec l’alcool et parfois, quand il a trop bu, il est violent avec son épouse. Celle-ci s’est déjà plainte, la police est intervenue et depuis un an il ne s’est plus rien passé d’anormal
Vendredi dernier pourtant, il n’a pu résister. L’après-midi, embrumé par l’alcool, il a donné une forte paire de gifles à sa femme, dont la tête est allée cogner sur le coin d’un meuble. L’ainée de ses trois filles, cinq ans, l’a aidée à se relever et lui a dit « il faut partir, maman ».
La jeune femme, entourée de ses filles, s’est donc présentée avec son œil atteint et sa bosse sur la tête, au centre social où son ainé bénéficie d’un soutien scolaire. Le centre ne comprend pas de travailleurs sociaux, mais une permanente l’a accueillie et l’a accompagnée porter plainte au poste de police.
Le fonctionnaire à l’accueil à qui elle a raconté son histoire lui a demandé d’aller d’abord à l’hôpital pour se faire soigner et recevoir un certificat. De retour au poste de police quelques heures plus tard, elle est tombée sur un autre fonctionnaire, qui a pris sa plainte, mais lui a expliqué qu’il y avait eu erreur et que son collègue n’aurait pas dû lui demander d’aller à l’hôpital au préalable.
Il lui a également dit que la police irait interpeller son mari chez lui, mais qu’il était trop tard pour cela, qu’il fallait attendre six heures le lendemain matin. En attendant, n’osant pas affronter son mari dans l’état où il était, cette jeune femme s’est retrouvée à dormir au centre social comme elle a pu avec ses quatre enfants, toujours prise en charge par la même permanente du centre qui est restée sur place avec elle.
Le lendemain matin à six heures trente, elle a appelé le poste de police. Elle a dû de nouveau expliquer son histoire à un nouveau fonctionnaire, lequel lui a expliqué qu’un samedi on ne pouvait interpeller les gens chez eux qu’à partir de neuf heures. Un peu plus tard le même l’a rappelé : au moment de partir, les policiers se sont rendu compte qu’ils n’avaient ni adresse ni code pour entrer…
Aujourd’hui, cette femme est chez elle avec ses enfants. Son mari a interdiction de l’approcher mais elle s’inquiète pour lui et se demande s’il ne va pas se retrouver à la rue : éternel dilemme des femmes battues, aggravé par les difficultés de logement dans la région parisienne.
Mais cette histoire révèle aussi un fonctionnement policier bien peu maîtrisé. On s’interroge : y a-t-il des procédures, comment se fait-il que les fonctionnaires ne les connaissent pas, comment peuvent-ils agir avec tant de légèreté ? Si la victime avait été seule, aurait-elle osé retourner au poste, puis ré insister le lendemain ? Est-ce simplement de l’incompétence (on sait que l’Ile de France concentre les débutants) ou y a-t-il une autre explication ?
Triste quotidien en tous les cas.
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