Le Monde daté du jeudi 24 novembre publie deux tribunes sur le sujet, l’une signée Noël Mamère et Esther Benbassa pour le vote des étrangers à toutes les élections, l’autre signée Arno Klarsfeld, chacune avançant des arguments inacceptables.
Arno Klarsfeld, président du conseil d’administration de l’OFII (office français de l’immigration et de l’intégration) agite la peur du fondamentalisme musulman pour justifier son refus d’accorder le vote aux étrangers, en soulignant au passage que l’intégration n’est pas encore une réussite (il lui était difficile de ne pas laisser l’espoir d’une amélioration, au regard du titre qui accompagne son nom dans le journal !). Dit autrement, ils risquent de mal voter, refusons leur le droit de vote !
La gauche française utilisait au 19ème siècle un argument du même type pour refuser d’accorder le droit de vote aux femmes, trop inféodées à l’Eglise pour leurs yeux de « laïcards ».
Les élus écologistes, essaient de leurs coté de nous faire croire que l’octroi du droit de vote aux immigrés serait un signal important de l’accueil qui la nation veut leur faire. Ils iraient presque jusqu’à dire qu’il ne pourrait y avoir intégration qu’avec cette mesure, juste après avoir expliqué que « dans une ère post nationale, la citoyenneté ne peut être l’apanage des seuls nationaux ». Au passage, ils nous parlent de l’égalité des chances comme « le dernier loto à la mode », ce qui est assez surprenant pour une idée largement développée dès le début du 19ème siècle !
Tant qu’à faire, je suis plus sensible aux arguments d’Arno Klarsfeld qui note que les immigrés peuvent demander leur naturalisation ((une centaine de milliers d’étrangers l’obtiennent chaque année), celle ci étant conditionnée par une durée de séjour d’au moins 5 ans, le témoignage de son intégration et l’engagement autour de valeurs de base de notre pays comme l’égalité hommes/ femmes.
Cependant, tous les immigrés n’ont pas forcément envie d’acquérir la nationalité française, et pour cela de perdre celle d’origine. J’ai par exemple un beau frère belge et vivant en France, un de mes amis vivant à Paris est dans la même situation matrimoniale (il est Belge et sa femme Française). Dans les deux cas, ils ne leur viendraient pas à l’idée d’abandonner leur nationalité de naissance, pour prendre celle de leurs enfants.
A contrario, une de mes amies tchèque d’origine et mariée à un français, a été naturalise française. Il est vrai qu’elle a quitté son pays d’origine avant la révolution de velours et que son choix était aussi celui de la démocratie contre l’impérialisme soviétique.
Ces exemples pour expliquer pourquoi la possibilité de se faire naturaliser ne suffit pas à traiter tous les cas d’étrangers tout à fait intégrés et jouant un rôle dans la communauté française.
Après réflexion, je ne suis cependant pas favorable au vote des étrangers aux élections nationales
J’habite à Paris et je passe une grande partie de mes vacances à Verel, où je possède une maison, donc où je paye des impôts, donc où je pourrais probablement m’inscrire sur les listes électorales. De nombreux retraités habitent ainsi une partie de l’année dans une grande ville et une autre dans une zone de villégiature.
Il ne viendrait à personne l’idée de m’accorder le droit de vote dans les deux communes, y compris pour les élections locales : je dois choisir.
Or la France organise la participation des français de l’étranger aux élections nationales. Il me semble que cette pratique n’est pas cohérente avec le fait d’accorder le droit de vote à des étrangers qui ont choisi de garder leur citoyenneté d’origine et d’y exercer s’ils le souhaitent leur droit de citoyen. Penser le contraire, c’est ne pas respecter le principe fondateur un homme= une voix. Mais il est probable qu’il y a derrière cette proposition l’idée probablement inconsciente mais latente que leurs pays d’origine sont moins bien que le notre.
Les commentaires récents