Les résultats contrastés des collectivités locales face à l’absentéisme suscitent l’étonnement, au point qu’on se demande s’ils ne cacheraient pas un effet structurel. Ils conduisent en tous les cas à s’interroger sur les facteurs explicatifs d’un absentéisme élevé dans la fonction publique.
Comme je l’ai déjà signalé, une publication de Dexia montre un lien direct entre le montant de l’absentéisme de toutes natures et la taille de la collectivité. C’est l’occasion de regarder comment peut être analysé l’absentéisme d’une entité. A la réflexion, les résultats concernant le long absentéisme surprennent.
J’avais noté trois causes possibles à l’augmentation anormale de l’absentéisme, et on peut les reprendre au regard de la taille des collectivités locales.
Un agent d’une petite commune pourrait être moins enclin à frauder. D’abord parce que le risque que cela se sache est plus important dans un environnement moins anonyme que la grande ville, ensuite par ce que son « affectio sociétatis » peut être plus grand. L’article de la gazette des communes qui commente l’étude propose quelques explications à la situation propre des petites collectivités :
« Les arrêts sont plus fréquents en milieu urbain, où la perte de sens est plus importante, avec des risques psychosociaux souvent dus au management », assure ce médecin de prévention, qui estime que la polyvalence et les temps partiels propres aux petites communes permettent aux agents de se maintenir à leur poste en évitant l’usure des gestes répétitifs »
Mais l’étude elle-même montre une proportion d’agents absents dans l’année de seulement 20% dans ces petites collectivités, à comparer aux 40% de salariés ayant touché des indemnités maladies d’après le rapport Gissler (taux sous-estimé en raison des jours de carence). Une explication possible serait que le personnel de ces petites collectivités tiennent essentiellement des emplois administratifs pour lesquels on sait que le taux d’absentéisme peut être plus bas que la moyenne.
Les proportion de personnes arrêtées pour maladie ( ordinaire ou non) sont respectivement de 31 et 39 pour les collectivités de 10 à 29 agents et celles de 30 à 149 agents. Il est possible que l’importance des services administratifs diminue avec la taille.
L’analyse des longues maladies montre qu’il y a à aussi un effet de taille, même s’il est plus faible que pour les autres causes. Cet absentéisme est 1.55 fois plus élevé dans les plus grandes collectivités que dans les plus petites, ce qui fait un écart très significatif. Avec cette durée, la fraude doit être très marginale, d’autant plus que la rémunération de compensation est nettement plus faible après trois mois. Il faut donc aller chercher ailleurs les explications.
Or, les deux raisons connues d’augmentation des longues maladies sont le vieillissement et l’usure professionnelle (sous forme de maladies professionnelles reconnues ou non). Y a-t-il un effet carrière qui conduit à commencer dans des petites collectivités et à rejoindre ensuite des plus grandes ? Peut-être, je ne sais pas. Y a-t-il un effet emploi, qui conduit à avoir plus de métiers physiques (par exemple l’entretien des espaces verts) dans les plus grandes collectivités. La séparation des responsabilités entre les regroupements de communes et les communes elle-même peut conduire à spécialiser les métiers.
C’est la limite de cette étude, qui nous présente une cause essentielle (la taille) sans que l’on puisse observer si les causes habituelles (l’âge et les métiers) sont corrélées ou non à la taille.
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