Le duel télévisé entre les deux derniers candidats socialistes à la primaire a été l’occasion de se rappeler que dans l’imaginaire de la gauche, les PME sont des gentilles et les grandes entreprises des méchantes. Les dernières publications de la DARES sur les mouvements de main d’œuvre et sur le SMIC conduisent à nuancer sérieusement ce jugement.
La revalorisation du SMIC au premier janvier 2011 a touché d’autant plus de salariés que l’entreprise était petite : 32.2% dans les entreprises de 1 salarié, contre 10.6% en moyenne et 4.4% dans les entreprises de plus de 500 salariés. On notera cependant que le nombre de bénéficiaires a baissé par rapport à l’an dernier dans les entreprises les plus petites alors qu’il a augmenté dans les plus grandes.
La situation est plus contrastée sur l’emploi. Encore que cette affirmation repose sur des données moins précises puisqu’on y distingue seulement les établissements (et non les entreprises) de 1 à 9 salariés, 10 à 49 et plus de 50.
Première remarque : les établissements de moins de 10 salariés ont un taux de rotation nettement plus élevé que les établissements plus grands : en 2010, 55.7% contre 45.4%.
Deuxième remarque : ce sont les plus petits établissements qui créent de l’emploi, puisque l’écart entre les entrées et les sorties est en 2010 de 5.1 % pour les moins de 10 salariés, 1% pour les 10 à 19 salariés, et seulement 0.2% pour les plus de 50 salariés. C’est un argument mis en avant à droite comme à gauche pour se préoccuper du sort des PME et notamment de leur financement.
Troisième remarque : la part des CDD dans les embauches est la plus importante dans les plus grands établissements (81% en 2010) la proportion étant la plus faible dans les entreprises de 10 à 49 (71.9%) A noter que ces parts sont en nette augmentation depuis 2008.
Quatrième remarque : les taux de licenciement économiques sont nettement plus importants dans les petits établissements (1.6%) que dans les moyens (0.7%) et a fortiori dans les plus grands (0.5%). Qu’ils sont loin, les licenciements boursiers encore vilipendés par François Hollande et son ancienne compagne !
Dernière remarque : les ruptures conventionnelles sont nettement plus importantes dans les petits établissements avec 2.2% contre 1.4% dans les moyens et 0.6% dans les plus grands. Or, c’est dans les petites entreprises généralement sans représentants du personnel qu’il y le plus de risque que ces ruptures soient des licenciements déguisés. On notera d’ailleurs qu’entre 2008 et 2010, la montée des ruptures conventionnelles a accompagné la baisse des autres licenciements (ceux ayant cependant pu être de complaisance, pour que le salarié parti bénéficie des indemnités chômage)
Au final, on peut difficilement affirmer que, pour leurs salariés du moins, les PME c’est l’eldorado et les grandes entreprises le diable !
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