Le débat entre les deux candidats socialistes en lice pour le deuxième tour des primaires est l’occasion pour chacun d’eux de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, en profitant de l’ignorance que peuvent avoir les citoyens sur le fonctionnement des banques ou celui du marché du travail.
Je dois dire que sur la première partie du débat, c’est F Hollande qui a été le plus loin dans les explications qui semblent de bon sens mais qui reposent sur des idées fausses
Ne parlons pas du rôle des banques dans la spéculation, Stéphane ayant déjà souligné l’absurdité des propos sur la spéculation et sur les banques
François Hollande est revenu sur son contrat générationnel, dont le coût et le risque d’effet d’aubaine a été souligné par Martine Aubry. Et au passage, il a surfé sur l’idée reçue de la difficulté pour un senior de garder son travail. Cette idée reçue repose sur une réalité : une partie des seniors passent par la case chômage avant de pouvoir prendre sa retraite. On le constate dans la récente note de la DARES sur les mouvements de main d’œuvre : les sorties annuelles de l’entreprise pour partir en retraite représentent 1% des effectifs. Ils devraient en représenter plus de 2%, au regard de la pyramide des âges des actifs. Mais elle repose aussi sur une erreur et une omission. L’erreur, c’est celle qui consiste à croire que les seniors ont un taux de chômage supérieur à la moyenne, alors que c’est le contraire qui est vrai. L’omission consiste à ne pas expliquer qu’une partie des chômeurs les plus âgés a choisi de quitter l’entreprise en comptant sur une sorte de pré retraite payée par Pôle emploi. On l’a vu tout récemment avec ce cas d‘anciens salariés de Renault partis dans le cadre d’un plan de volontariat en 2009 et qui se trouvent aujourd’hui dans la perspectives de ne plus avoir de droits au chômage mais ne pas pouvoir partir en retraite ne raison du changement des règles de départ intervenu depuis.
Toujours sur le sujet de l’emploi, François Hollande a repris l’idée des licenciements boursiers à interdire (il faut bien renvoyer l’ascenseur à Ségolène Royal). S’il avait lu la note de la DARES évoquée plus haut, il saurait que les licenciements économiques représentent annuellement 0.8% des effectifs, contre 2.1% pour les autres licenciements, 1.2% pour les ruptures conventionnelles, 6.4% pour les démissions, et surtout 32.6% pour les fins de CDD. Pourquoi faut-il protéger les salariés solidement installés dans leur CDI plutôt que les CDD ?
Mais finalement, c’est sur les retraites que Hollande a été le plus fort. Il a en effet expliqué qu’une personne partant à 60 ans sans avoir ses trimestres aurait le taux plein mais avec une décote ! On finira par se demander ce que signifient taux plein et décote !
Sur tous ces sujets, Martine Aubry a été nettement plus professionnelle, ce qui n’est pas une surprise vu son passé. Mais son introduction en insistant sur ce qu’elle appelle une gauche forte n’a fait que conforter ce que je craignais d’elle, c’est-à-dire sa capacité à perdurer dans ses positions, même si elles sont mauvaises.
PS ; et Hollande qui nous explique que le plus dur dans la réduction des déficits est à faire au début (passer de 4.5 à 3%) mais qu'ensuite gagner 1% par an sera facile!
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