On enregistre de nouveaux votants à la primaire socialiste ce qui pourrait se traduire par un nombrer total supérieur ce soir. De nombreux électeurs auront donc saisi l’occasion qui leur était offerte d’un exercice démocratique, mais cela ne préjuge pas d’un changement d’attitude vis-à-vis d’une classe politique généralement décriée.
Il y avait une file d’attente conséquente dans mon bureau de vote. Il est vrai que je m’y suis présenté nettement plus tard que dimanche dernier et que je n’ai apparemment pas eu de chance : la file avait diminué dernière moi et parait-il elle était inexistante peu avant.
Je me suis renseigné sur la part de nouveaux votants parmi les électeurs : elle dépassait les 20%. La radio a signalé un taux assez proche dans un autre bureau près de chez moi. Et Hollande « parle de signes d’une mobilisation plus importante ». Reste à savoir combien des électeurs du premier tour renonceront à se mobiliser cette fois ci.
Bien sûr, le Parti Socialiste attend de l’opération une dynamique pour son candidat ou sa candidate. Il a été plusieurs fois souligné cette semaine ce que j’écrivais lundi : un score serré pourrait avoir un effet néfaste. Mais on n’en est pas là.
En offrant aux électeurs la possibilité de participer au choix de son candidat, le PS a certainement marqué un point. Les écologistes n’ont pas su en faire autant. Leur ouverture à 20 euros n’a pas attiré 100 000 citoyens, et les a mis à quelques pour cent des suffrages réunis par les socialistes. Il est vrai que la situation des Verts au sein des forces militantes politiques ne leur permettait certainement pas d’ouvrir le vote à tous, comme l’a fait le PS. Peut-être une telle initiative aurait-elle porté Nicolas Hulot en tête, mais elle aurait surtout permis aux écologistes de mieux faire connaître leurs idées.
Ces initiatives ont lieu alors que les politiques sont décrédibilisés depuis longtemps. Dans la société de défiance, Algan et Cahuc citaient les chiffres d’enquêtes internationales qui plaçaient la France dans les derniers rangs parmi les pays développés pour la confiance faite à la classe politique. En 1999, plus de 50% des Français (contre un peu plus de 10% des Norvégiens) jugeaient que « pour arriver au sommet il est nécessaire d’être corrompu », près de 50% (contre 5% des Norvégiens) « n’ont aucune confiance dans le parlement ».
Rien n’indique que la confiance soit revenue : ce ne sont pas les différentes affaires affectant par exemple Eric Woerth ou DSK qui ont pu la rétablir. Les Français ont retenu que les parlementaires se sont concoctés un système de retraite ou d’indemnités chômage très favorable au lieu de l’aligner sur le système commun.
Et ce n’est pas le score de Le Pen en 2002 ou le résultat du référendum de 2005 qui donnent le signe d’une situation modifiée ! Et on voit bien comment des électeurs de F Bayrou ou de EELV ont été sensibles à un discours moral sur le sujet.
Ceux des citoyens qui ont voté lors de la primaire socialiste ont profité de l’occasion qui leur était donné de prendre une place dans le jeu politique. Mais leur nombre est beaucoup trop faible pour que cela change le sentiment citoyen.
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