La période estivale est la moment préféré des français pour profiter de leurs congés et aller se faire bronzer sur une plage, en France ou à l’étranger. Justement cette année, ils seront 4 à 5% plus nombreux à le faire dans l’Hexagone, essentiellement au détriment des destinations du nord de l’Afrique. C’est toute l’Europe du sud qui profitera cet été d’un regain de fréquentation.
Un article du Monde daté de ce dimanche nous explique que 15% des séjours des français seulement se feront cette année à l’étranger contre 20% en 2010. Les réservations de forfait pour la Tunisie auraient été divisés par 4, celles pour l’Egypte baisseraient de 40% et même le Maroc, pourtant peu touché par les révoltes arabes, verrait sa fréquentation baisser. Ces chiffres évolueront sans doute avec les choix de dernière minutes de ceux qui profiteront de rabais mais la tendance restera la même.
A contrario, les stations françaises enregistrent une hausse de 4% des réservations pour juillet août (avec une priorité pour la mer, la destination montagne étant en recul). Mais les autres pays de l’Europe du sud sont également favorisés : Espagne, Italie, Croatie et Grèce.
Pour la France, l’impact n’est pas négligeable : le tourisme représente environ 5.5% du PIB, cette augmentation peut correspondre à un supplément de croissance de 0.2% sur l’année. La balance des paiements en profitera également, avec un accroissement des dépenses d’étrangers chez nous et une diminution de nos dépenses à l’étranger. En 2006, les touristes étrangers ont dépensé 36.9 milliards d’euros en France et les Français ont dépensé environ 25 milliards d’euros à l’étranger. Le solde des dépenses touristiques en faveur de la France pourrait donc augmenter de plusieurs voire une dizaine de milliards d’euros.
L’impact non négligeable pour la France pourrait être plus net encore pour un pays comme la Grèce, pour qui le tourisme représente plus de 15% du PIB. L’an dernier, l’agitation liée aux difficultés financières grecques avait fait baisser un peu la fréquentation. Cette année, cela pourrait donc être le contraire, du moins peut on l’espérer pour ce pays.
La Grèce avait en 2008 un PIB de 340 milliards d’euros. La même année, les exportations représentaient moins de 30 milliards d’euros et les importations près de 94 milliards ! Ce déséquilibre massif était compensé, au moins en partie, par une balance des services favorable, en raison de l’activité maritime marchande et du tourisme. 15% du PIB pour ce dernier secteur, cela représente environ 50 milliards d’euros. Une augmentation de 4% voire plus de ce montant ne lui ferait évidemment pas de mal !
La situation est évidemment inverse pour la Tunisie. D’après Wikipédia, en 2010, le tourisme y contribuait à hauteur de 7 % au PIB. Il générait chaque année entre 18 et 20 % de recettes en devises, couvrait 56 % du déficit commercial et employait 400 000 personnes.
Les pays européens faisant probablement parties des principaux fournisseurs de la Tunisie, les difficultés économiques de ce pays ne sont pas une bonne nouvelle ; en réalité, ces évolutions du tourisme changement surtout la répartition des revenus au sein de la zone euro et de ses voisins
Il est courant de noter l’influence, souvent jugée inacceptable, des intervenants financiers sur notre économie. L’exemple du tourisme montre que des millions de décisions individuelles fondées sur des raisons de toutes sortes (coûts, attraits mais aussi risques réels ou supposés) ont un impact éventuellement importants sur l’économie. En fait, ce que l’on voit ici pour le tourisme est vrai dans la plupart des domaines économiques : l’économie, c’est nous !
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