Après la Grèce, d’autres pays de la zone euro sont sur la sellette des agences de notation en raison de leur dette jugée exagérée. Les niveaux atteints en Europe sont souvent nettement supérieurs aux maxima définis dans le traité de Maastricht, du double fait des actions menées pour stopper la crise financière en 2008 et des politiques trop laxistes pratiquées depuis 30 ans.
Dans mon article intitulé « Mon programme pour 2012 et la dépense publique », je faisais le constat suivant, que je compte développer ici :
« Les déficits s’accumulent, et même s’ils varient en fonction de la conjoncture, les montants maximaux comme les montants minimaux, exprimés en pourcentage du PIB sont de plus en plus élevés. La dette accumulée menace la qualité de la signature de l’Etat et donc le niveau des intérêts versés. Il faut réagir avant de se retrouver comme en Grèce avec des effets « boule de neige » »
Rappelons que le traité de Maastricht limite à 3% du PIB le déficit annuel admissible et à 60 % du PIB la dette accumulée. Le déficit comme la dette portent sur l’ensemble des acteurs publics, et comprennent donc notamment aux cotés de l’Etat les organismes collectifs de Sécurité Sociale.
Ces critères écartent de fait deux postures : l’une qui consisterait à rendre obligatoire l’équilibre des comptes, comme c’est le cas pour les collectivités territoriales (qui distinguent budget de fonctionnement et budget d’investissement), l’autre qui consisterait à ne pas limiter les solutions d’endettement.
La première posture n’aurait pas été réaliste au moment de la signature du traité, puisque le Luxembourg aurait été à peu prés le seul éligible. Elle aurait aussi empêché les Etats de mettre en œuvre des politiques keynésiennes en période de récession.
On voit aujourd’hui ce que donne la deuxième posture : à un moment, le pays trop endetté ne trouve plus de prêteurs, sauf à des taux très élevés, et encore. Il risque de se retrouver en cessation de paiement, et se voit obligé de réaliser des coupes extrêmement drastiques dans ses dépenses.
Dans les années, 90, certains pays à fort déficit ou très endettés avaient fait des efforts méritoires pour entrer dans le cadre des contraintes du traité et pouvoir entrer dans la zone euro. Cela avait été le cas de l’Italie, dont le déficit dépassait largement les 100% du PIB, ou des pays issus du bloc de l’Est. Les pays adhérents à la zone euro avaienté ét récompensé de leurs efforts par des taux d’emprunts proche de ceux obtenus par les meilleurs élèves, en particulier l’Allemagne.
Mais la sagesse avait été de courte durée, et la France par exemple qui était à la limite des critères de Maastricht en est sortie depuis belle lurette. Tous les ans elle promet à Bruxelles de
Revenir dans les clous dans un délai bref, plan de réduction des déficits à la clé, et tous les ans elle reporte ses promesses. L’Allemagne ayant dans un premier temps eu la même attitude, l’exemple des deux principaux pays de la zone ne permettait plus à Bruxelles la moindre sévérité avec d’autres mauvais élèves. On notera que l’Espagne avait au contraire profité de sa forte croissance pour se désendetter, ce qui lui permet aujourd’hui d’avoir une dette plus faible que ses voisins alors qu’elle n’arrive pas à sortir de la récession. Les efforts de l’Allemagne au milieu des années 2000 lui permettent aujourd’hui d’avoir une situation meilleure que la France, ce qui n’était pas le cas il y a 10 ans.
Le Monde daté du 14 juillet publie en page 14 une carte de l’Europe et des montants de la dette selon les pays de la zone euro. 5 pays seulement respectent les exigences : l’Estonie avec une dette limitée à 6.3% de son PIB, le Luxembourg avec 17.9%, la Slovénie à 42.3%, la Slovaquie à 45.1%, la Finlande à 50.8%. Comme on le voit, ce sont tous de petits pays, donc ils ne pèsent de toutes manières dans le total de la dette européenne.
Trois pays se situent entre 60 et 80% de dette, ce qui les range dans les pays encore raisonnables, ou en tous les cas susceptibles de revenir dans un délai pas trop long en dessous de la limite de 60% du PIB. Il s’agit de l’Espagne (63.9% mais ce pays a besoin de sortir de sa récession), des Pays Bas (65.6%) et de l’Autriche (70.5%). Mais on peut ajouter l’Allemagne (80.1%) dont le déficit quasiment nul et la forte croissance vont mécaniquement faire baisser le niveau de la dette calculé en % du PIB dans les années qui viennent.
On trouve ensuite la France, dont la dette (87.6%) n’est guère supérieure à celle de son voisin d’outre Rhin, mais dont le déficit actuel conduit à une augmentation massive du volume de la dette calculé en euro et à une augmentation de la dette en % d’un PIB qui croit encore assez lentement. L’écart entre la Franc et l’Allemagne va croître dans les prochaines années, la France ets dans une mauvaise passe et a un besoin de plus en plus urgent d’assaini ses finances et de réduire fortement ses déficits publics. Faute de quoi, elle risque de se retrouver dans la situation des pays qui suivent sur la liste, avec dans un premier temps un accroissement coûteux de ses conditions d’emprunt.
On comprendra la menace qui pèse dorénavant sur notre pays en regardant la liste des pays qui ont une dette en % de leur PIB plus élevée que le sien. Il s’agit du Portugal (90.6%), de la Belgique (97.3%), de l’Irlande (114.1%) de l’Italie (120.3%) et de la Grèce (152.4%). Il faut noter, comme l’explique dans le Monde daté du 14 juillet l’économiste Karine Berger, que certains pays ont un PIB en décroissance, ce qui fait mécaniquement monter leur dette exprimée en % du PIB et qui inquiète fortement les marchés : en 3 ans, le recul a été de 12% pour le Portugal, de 9% pour la Grèce, de 5% pour l’Italie et de 4% pour l’Espagne.
Si la France ne prend pas les moyens de baisser fortement ses déficits et d’amorcer une réduction de sa dette, elle peut se retrouver sous la menace des marchés contrainte à prendre d’urgence des mesures radicales, du genre de la baisse de 10% de la rémunération des fonctionnaires, la baisse d’un montant du même ordre des pensions versés aux retraités ou des minima sociaux. Qui peut le souhaiter ?
Pour l’instant, on ne prend pas le chemin d’une réduction des déficits, dont le montant en % du PIB ne cesse d’augmenter depuis 50 ans comment on peut le voir ici
Il est assez facile de définir ce que devrait être une gestion raisonnable des finances publiques : le déficit structurel devrait être nul, et en fonction de la conjoncture, il devrait y avoir des années avec un déficit limité (aux fameux 3% de Maastricht) et d’autres avec un excédent, du même ordre que le déficit précédent. Il faut noter qu’on attend aujourd’hui de la Grèce un excédent encore plus important, ce qu’elle semble évidemment incapable de faire.
Aujourd’hui, le déficit structurel de la France semble se situer au moins à 3% du PIB, sinon plus. Cela représente environ 60 milliards d’euros à dégager de manière durable, par une diminution des dépenses de l’Etat, une augmentation des impôts ou cotisations et/ ou une réduction des déficits de Sécurité Sociale, essentiellement la santé et les caisses de retraite.
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