Suis-je enfermé dans mes convictions au point de rejeter systématiquement tout ce qui pourrait les remettre en cause ? Suis-je au contraire crédule sur les sujets que j’ignore, Mes considérations précédentes pourraient le faire penser.
Le risque serait bien sûr que nos convictions finissent par devenir des œillères, que les grilles de lectures enferment, que nos idées deviennent des certitudes inébranlables, à l’image de ces tenants du communismes qui refusaient de voir les crimes staliniens par exemple.
Dans le domaine de l’information, on peut s’interroger systématiquement sur la pertinence de ce qui nous est dit (oui, réfléchir en ordre de grandeurs est une bonne méthode !) ou aller chercher des chiffres fiables. Il n’empêche que comme tout un chacun, j’ai tendance à lire les journaux ou les blogs qui pensent plus ou moins comme moi, ce qui peut contribuer à me laisser enfermé dans mes certitudes.
Et comment être prêt à remettre en cause l’opinion que je me fais de tel ou tel des mes collègues ou de mes voisins ?
Ceux qui ont pensé la recherche scientifique, la démarche philosophique ou l’analyse juridique ont donné des pistes pour ne pas se tromper dans ses raisonnements. L’une de ces pistes est l’importance donnée aux faits (à conditions bien sur d’avoir vérifié leur réalité !). C’est une piste utile bien sûr. Ceux qui suivent la série Dr House peuvent voir comment le cycle hypothèse/ mesure permet d’avancer dans la compréhension ou d’écarter de fausses données
Il m’arrive et il m’est arrivé souvent, dans le cadre de ma profession, de devoir réaliser des diagnostics que je qualifierais pour simplifier de socio organisationnels. Je considère à l’usage que je m’en sors plutôt bien. Il est clair que le temps disponible pour la recherche est un élément clé de la qualité du travail réalisé.
Un de mes outils principaux consiste à croiser ce qu’on peut observer (les chiffres bien sûr, mais aussi le travail), ce que disent les acteurs et ce qui est écrit pour organiser le système. Après, toute la difficulté est bien sûr de hiérarchiser, de savoir ce qui est des causes ou des conséquences, ce qui est lié ou pas. Sachant qu’au final, le plus important n’est pas d’avoir raison, mais que les acteurs concernés aient progressé dans leur compréhension !
D’où la classique question du changement. Quel processus amène les acteurs a changer d’avis, pour accepter une réalité qui les dérange par exemple, ou pour accepter de prendre en compte l’avis des autres, même et surtout quand il ne m’arrange pas ?
A l’expérience, je ne crois pas que ce soit la réflexion personnelle qui puisse déclencher le processus de changement (mais elle peut le faire aboutir). Ce qui déclenche le changement ou l’évolution de l’opinion, ce sont les événements et/ ou les autres. Ainsi de cette personne de ma famille qui méprisait les arabes, jusqu’à ce que sa famille en ramène un. C’est aussi bien sûr la logique d’intérêt qui fait choisir des opinions qui justifient nos actes.
J’ai constaté que le meilleur moyen pour faire accepter à un groupe d’acteurs d’entendre le point de vue du groupe « opposé » (par exemple les ouvriers pour les cadres, les producteurs pour le personnel d’entretien ou vice versa) c’est d’une part d’avoir d’abord montré que leur point de vue a été entendu, d’autre part de lui donner la possibilité de l’entendre et de reconnaître l’intérêt de cet autre point de vue en dehors de la présence.
Dans une discussion avec un militant qui défend un autre’ point de vue que le mien, inutile d’attendre qu’il reconnaisse que j’ai raison. Si je veux qu’il prenne en compte des faits que je lui apporte, il vaut mieux que la discussion ne soit pas conflictuelle, qu’il n’y ait pas d’enjeux de savoir qui a gagné.
Après tout, nous sommes dans le pays de la logique de l’honneur !
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