L’élection de François Mitterrand puis le raz de marée socialiste aux législatives, c’était pour beaucoup de gens à gauche un immense espoir, celui de « changer la vie ». En pratique, après les première mesures, cela a surtout été la perte des illusions et l’apprentissage d’une culture de gouvernement, qui a permis à la gauche de gouverner pendant 15 des 21 années suivantes, avec des bonnes et de moins bonnes idées.
En 1974, j’ai adhéré au PS, à la suite des « assises du socialisme » qui marquaient notamment l’entrée d’une partie du PSU de Michel Rocard. En 1981, pris par de nombreuses activités et militant cédétiste, je ne militais plus au PS (avant d’y retourner un peu plus tard pour une brève période). Je déplorais que Michel Rocard n’ait pas été écouté et je ne croyais pas au programme de nationalisations, mais j’ai voté Mitterrand puis PS, en espérant qu’une relance keynésienne allait diminuer le chômage,
Las, la relance a surtout profité à nos voisins ! Ce n’est que plus tard que j’ai compris que le partage de la valeur ajoutée était devenu trop défavorable aux entreprises, à la suite des deux chocs pétroliers puis des mesures favorables aux salariés prises par la gauche : le pays s’est mis à détruire de l’emploi, jusqu’à ce que les résultats du plan Delors Mauroy se traduisent en 1985 par une croissance de l’emploi.
Entre temps, la gauche avait voté la fin de la peine de mort et la passage à la retraite à 60 ans, mesure bien pratique pour traiter les restructurations de la sidérurgie mais erreur profonde à long terme, ce que je n’ai compris que bien plus tard.
Le 8 décembre 1982, Jean Pierre Cot, ministre délégué chargé de la Coopération et du Développement, démissionnaire, est remplacé par Christian Nucci. La démission de celui qui avait voulu soutenir le co développement en Afrique plutôt qu’une politique de subvention, marque le ralliement à ce qui deviendra la « France Afrique » avec le fils du président, C’est la victoire du pragmatisme dans sa version la plus détestable.
A l’époque je travaille dans les Mines de charbon du Nord. La gauche, fidèle à des promesses stupides, tente de relancer la production, au moment où le pétrole est au plus haut. Je découvre avec surprise comment se font les slogans politiques. Quelques années auparavant, j’avais expliqué à mes camarades syndicaux que le mieux qu’on pourrait faire, ce n’était pas augmenter la production du bassin du Nord Pas de Calais mais au maximum stopper la chute, ce qui s’était traduit pour la CFDT par le slogan « 5 MT par an », slogan repris par le PS mais devenu impossible à atteindre 4 ans plus tard.
N’étant entendue ni sur les pertes de l’exploitation charbonnière ni sur les conditions de travail, la direction des HBNPC explique que les réserves sont épuisées. Le pouvoir régional socialiste lance en 1983 une commission d’enquête sur la situation des réserves, dans laquelle chaque syndicat et chaque parti peut désigner son expert. Je m’y retrouve au titre de mon syndicat ; Chargé entre autres de l’étude du gisement là où je travaille, je suis bien placé pour comprendre le sujet mais aussi pour savoir que la direction dit vrai, ce que confirmera la commission. La méthode utilisée permet au pouvoir de changer de politique.
C’est me semble t-il une des supériorités du pouvoir socialiste par rapport aux giscardisme qui a pourtant réussi de nombreuses réformes : il remplace la logique technocratique (Barre « le meilleur économiste de France »)par la recherche d’un compromis entre acteurs. En l’occurrence, ce genre de diagnostic partagé a permis de passer une nouvelle étape dans la vie de la région, de lui donner des moyens d’essayer de se tourner vers l’avenir plutôt que vers le passé, même s’il était bien tard pour cela.
On trouvera chez Hugues quelques uns des hauts faits de l’ancien président
On porte au crédit de François Miterrand le recul du PC. Il est vrai que ce recul s'est traduit par la majorité absolue détenue par le PS à l'Assemblée nationale en 1981, mais elle correspond aussi au recul de l'influence soviétique, quelques années avant l'effondrement de l'URSS.
Il faut certainement mettre au crédit du président sa politique eurorpéenne, le fait d'avoir installé Delors à la tête de la commssion et d'avoir soutenu le traité de Maastricht
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