Au-delà des discours convenus sur l’abstention, la percée du FN ou la déroute de l’UMP, un premier examen des résultats montre des tendances dont les médias ne parlent guère, probablement parce que cela demanderait un effort de réflexion, et qu’entre la Libye et le Japon, ils ne savent déjà plus où donner de la tête.
Le Front National a réalisé son meilleur score historique pour des cantonales. Même s’il a été favorisé par la très forte abstention, ce résultat ne doit pas être négligé : il montre une volonté de sanction vis-à-vis de la classe politique. A cet égard, l’abstention et le vote FN délivrent le même message : on n’a pas envie de voter pour cette classe politique.
Le Front National attire les électeurs qui veulent sanctionner les élus, mais pas (pas encore) vraiment les militants. Beaucoup des candidats aux cantonales étaient de complets néophytes, ce qui montre que pour avoir des candidats, le FN a bien du prendre ce qu’il avait sous la main, c'est-à-dire pas grand-chose.
Le Monde publie en page 18 de son édition datée de mardi les résultats obtenus par le Front National aux cantonales depuis 1988. On y découvre un résultat étonnant : les scores sont très différents selon la liste de cantons renouvelables, celle de 2011 étant beaucoup plus favorable au FN que celle de 2008.
Qu’on en juge !
Première série : 1988 : 5,25%, 1994 : 9.88%, 2001 : 6,94%, 2008 : 4.95% soit une moyenne sur les 4 votes de 6,75%
Deuxième série : 1991 : 12,32%, 1998 : 13,58%, 2004 : 12,12%, 2011 : 15,56% soit une moyenne sur les 4 votes de 13.39%
A noter a contrario, que dans les départements où il a le mieux réussi, le FN fait un meilleur score que celui réalisé par JM Le Pen en 2002. C'est aussi bien le cas dans le Var (27,54% contre 23,54%,) que dans l'Oise (24,21% contre 22,76%) ou dans le Nord (23,09% contre 19,42%)
Au passage, cet écart du simple au double entre deux séries qui ont été créées de manière totalement aléatoire par rapport à un FN qui n’existait pas, montrera à ceux qui ne le savent pas que la distribution aléatoire peut donner des écarts importants, et que c’est statistiquement rare mais possible
Tout cela mériterait une analyse approfondie.
Deuxième constat : le Modem a pratiquement disparu de la scène politique ! Il n’avait réussi à présenter des candidats que dans 231 cantons sur 2026. il a un seul élu au premier tour quand le PS, l’UMP, les divers droite ou les divers gauche ont fait élire environ 10% de leurs candidats au premier tour, et il ne lui en reste plus que 32 au deuxième tour. Il a recueilli1,21% des suffrages exprimés, alors que le Nouveau Centre en obtenait 3.23% avec 282 candidats, 16 élus et 116 présents au deuxième tour.
Troisième constat : la dispersion des candidatures a coûté cher à la gauche, selon un mécanisme voisin de celui qui avait joué contre Jospin en 2002. L’abstention étant très forte, la barre des 12.5% éliminait beaucoup de candidats, souvent presque tous à part le premier. Le deuxième est « racheté » pour qu’il y ait un vote, mais le troisième passe à la trappe !
Or, sur 2026 cantons, la droite présentait 2464 candidats et la gauche (hors ext gauche) 4917 ! C’est la raison pour laquelle la droite espère ne pas perdre trop au final, et même regagner certains départements (par exemple la Seine et Marne) grâce à l’élimination du PS du second tour. L’effet de la dispersion a été accentué par la montée relative des Verts et du Front de gauche au détriment du PS
Mon quatrième constat est en fait une prévision : la droite espère s’en sortir parce qu’elle croit en fait à un assez bon report des voix du FN sur ses candidats. Rien n’est moins sûr. Je parierais volontiers qu’une part non négligeables des électeurs du FN ne reviendront pas voter la semaine prochaine si leur candidat a été éliminé. La défaite de l’UMP pourrait aussi se voir dans le nombre d’élus dimanche
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