La région Ile de France aura son métro périphérique automatique. Les contribuables paieront pour essayer de rattraper le retard accumulé par des dirigeants à courte vue mais les solutions imaginées pour préparer l’avenir sont en train de passer doucement à la trappe, sous le poids des rapports de force et de des jeux politiciens
Entre l’ Arc express demandé par les services régionaux d’Ile de France et le super périphérique de type RER proposé par les équipes de Christian Blanc, le compromis annoncé penche très fort vers la première solution. Transporter les masses laborieuses, soulager un réseau complètement saturé, oui. Donner à la région capitale les moyens d’être à la hauteur d’une grande métropole du 21ème siècle, non.
Le projet de Christian Blanc se voulait d’abord un rapprochement entre
les clusters, ces zones qui permettent la rencontre des chercheurs, innovateurs développeurs et des entrepreneurs, qui créent les emplois et surtout la richesse de demain
les zones de transits et d’échanges avec le pays, l’Europe et le Monde que sont les gares de Massy, Marne la Vallée, carrefour Pleyel demain (en soulagement des gares de l’Est et du Nord) et les aéroports d’Orly et de Roissy
les zones de vie culturelle et sociale, au cœur de Paris,
Ce projet visait haut : en intégrant les questions de développement économique et culturelle, les besoins de déplacements et d’échanges et la question de l’habitat, il visait rien que moins à faire de Paris une des quatre ou cinq principales métropoles mondiales, permettant par la même occasion à notre pays de rester dans la course du développement économique
Les écologistes n’ont eu de cesse de contrer ce projet, qui allait à l’encontre des plus ayatollahs d’entre eux, concentrés sur un seul but : la décroissance, sensée nous sauver des malheurs que l’homme fait à sa planète. Leur principale cible était le projet du plateau de Saclay qui non seulement voulait faire travailler ensemble la recherche et le monde des affaires (quelle horreur !), mais risquait de déranger quelques poules d’eau, et surtout la tranquillité de riches propriétaires de la vallée de Chevreuse.
Le Parti Socialiste n’était pas sur cette logique, mais coincé dans un problème de financement et de dette que Denys explique pour nous et prisonnier d’un schéma conçu pour répondre à une somme d’intérêts locaux et non comme un concept global et structurant. La question des distances entre gares, qui ne parait pas complètement tranchée, illustre parfaitement cette question.
Christian Blanc prônait une logique de type TGV : des gares assez espacée (tous les 3 ou 4 Km), une vitesse assez élevée entre deux stations, et Saclay pouvait se trouver à moins de 20 minutes de Roissy ou Montfermeil de la Défense. La logique clientéliste des élus conduit évidemment à des gares beaucoup plus rapprochées (pourquoi pas tous les Km ? ou tous les 500 mètres, ou même tous les 300 mètres comme les bus ?) et à des vitesses d’exploitation de tortillards de banlieues, qui permettront de garder aux franciliens leurs précieuses 3 heures de déplacements quotidiennes. Et au passage de continuer à faire flamber les prix de appartements au cœur de la région, dans la ville de Paris qui restera la seule bien desservie.
On sait depuis longtemps que les citoyens ne veulent pas des nuisances des lignes TGV mais veulent que la gare TGV soit à coté de chez eux. Ici, les écologistes ont combattu les nuisances et les socialistes ont réclamé les gares : beau partage des taches !
Les français viennent de choisir sans le savoir parmi deux projets, celui qui a le plus de chance de les mener vers le déclin. Est-ce grave ? Non. Simplement, cela signifie qu’après demain, il y aura plus de diplômés qui devront se déclasser pour trouver du travail (tant pis pour les peu qualifiés qui n’en auront pas du tout), il y aura plus de décisions concernant nos emplois, leur localisation, leur conditions de travail, qui ne se prendront pas à Paris mais à New York ou à Shanghai. Ceux qui ont l’occasion de voir prendre ce genre de décisions savent que cela peut faire une différence importante.
effectivement, un petit Paris!
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