Nous sommes maintenant 65 millions en France, nous apprend l’INSEE il y a quelques jours. L’augmentation de population est essentiellement due à un taux de fécondité certes à peine suffisant pour le renouvellement des générations, mais largement supérieur à celui de nos voisins.
Au-delà de ces données abondamment diffusées, on trouve une grande richesse d’informations dans les données publiées par l’INSEE
D’abord, un historique des pyramides des âges métropolitaines. En cliquant sur « animation », on voit les évolutions de la pyramide des âges de notre pays depuis 1901. Jusqu’en 1914, la pyramide ne comprend pas d’anomalies, à l’exception d’une petite échancrure correspondant à un déficit de naissances pendant la guerre de 1870. La pyramide s’affine vers le haut, et les plus de 80 ans sont visuellement peu nombreux. En 1909 par exemple, les plus de 65 ans sont 3.25 millions et représentent 8.5% de la population. Il y a exactement 100 français (surtout françaises) de 100 ans et plus
Les choses changent fortement ensuite : les pertes de la guerre de 14/18 conduisent à une nette différence entre le côté masculin et le côté féminin. Le déficit de naissances pendant les années de guerre est important : au plus creux, en 1918, le nombre de naissances est à peine supérieur à la moitié de celui atteint en 1913.
Après le boom très transitoire de l’après-guerre, les naissances se mettent à diminuer (ce qui n’était pas le cas avant-guerre). Proches de 750 000 en 1921, elles dépassent à peine 550 000 en 1939 et descendront au plus bas à 450 000 en 1942, du fait de l’absence des hommes, mais commencent à ré augmenter dès 1943.
Au premier janvier 1945, les plus de 65 ans sont 4.24 millions et représentent 11.5% de la population. La baisse des naissances y est pour quelque chose, mais la possibilité de vivre très vieux augmente manifestement : les centenaires sont au nombre de 278 en 1946. Ils seront 1232 en 1960, 1545 en 1980, 3344 en 2000 et 5953 en 2010. Sur la pyramide de 2010, on voit clairement que les octogénaires sont maintenant en grand nombre, surtout chez les femmes, mais pas seulement. En 2010 toujours, près de 400 000 personnes ont 80 ans et sont donc nées en 1930, année où il y eut près de 700 000 naissances : plus de la moitié ont donc survécu.
Dans un autre tableau, l’INSEE nous donne l’espérance de vie à divers âges, depuis 1946 pour la France métropolitaine, ce qui permet de mieux comprendre comment l’espérance de vie a augmenté dans notre pays, l’augmentation apparemment régulière de 3 mois par an que l’on observe depuis plus de 100 ans, recouvrant en réalité dans le temps des phénomènes assez différents.
Le tableau de l’INSEE donne l’espérance de vie à 0, 1, 20, 40 et 60 ans, c’est-à-dire ce qui reste à vivre en moyenne à ces âges
Alors qu’assez logiquement se chiffre a tendance à baisser quand on vieillit (il reste moins de temps à vivre à 60 qu’à 40 ans), il augmentait entre 0 et 1 ans à la fin des années 40, reflet d’une mortalité péri natale élevée : l’espérance de vie était affaiblie par cette mortalité infantile, ceux qui arrivaient à passer les premières années avaient la possibilité de vivre relativement vieux. C’était encore plus le cas au 18ème siècle, quand la moitié des personnes mourraient avant l’âge de 10 ans.
En 1946, l’espérance de vie à la naissance des garçons se situe à 59.9 ans, et l’espérance de vie à 1 an se situe à 64.4 ans ! L’écart de 4.5 ans va d’abord diminuer très vite, avec la fin des conséquences directes de la guerre : en 1950, l’écart n’est plus que de 2.8 ans. Il va ensuite diminuer plus progressivement, l’espérance de vie à la naissance augmentant nettement, mais l’espérance de vie à 1 an augmentant également. L’écart finit par s’annuler, en 1974 pour les filles, en 1976 pour les garçons. En 2010, l’espérance de vie à la naissance est supérieure de 0.7 ans à celle à un an, pour les garçons comme pour les filles, ce qui montre qu’une mortalité infantile subsiste, mais qu’elle s’est fortement réduite.
Si on observe maintenant l’espérance de vie à 60 ans, on note qu’elle a longtemps stagné, du moins pour les garçons : elle est encore de 15.6 ans en 1969, comme en 1948. Mais elle a gagné 1.5 ans pour les femmes, en passant dans la même période de 18.7 à 20.2 ans.
Si on se concentre sur les garçons, de 1948 à 1969, soit en 21 ans, l’espérance de vie a gagné 4.7 ans à la naissance, 2 ans à 1 an, 1.3 ans à 20 ans, 0.5 ans à 40 ans, et rien à 60 ans. C’est bien la réduction de la mortalité des enfants et des jeunes qui a fait augmenter l’espérance de vie moyenne. Mais ceux qui ont échappé à ces fléaux ne vivent guère plus vieux qu’avant (même si on commence à observer une augmentation du nombre de centenaires).
On comprend bien à la lecture de ces chiffres, que les démographes de l'époque n’attendaient guère une prolongation de l’espérance de vie.
Or, à partir des années 70, c’est à tous les âges que la mortalité va diminuer, conduisant à une augmentation formidable du nombre d’octogénaires par exemple.
De 1969 à 2010, sur une période de 41 ans, l’espérance de vie des garçons augmente de 10.7 ans ( !!!) à la naissance, 9.5 ans à un an, 8.9 ans à 20 ans, 8.2 ans à 40 ans, et 6.8 ans à 60 ans. Visiblement, la mortalité a baissé à tout âge, mais essentiellement après 40 ans et même 60 ans. Le gain total est plus faible à la naissance pour les filles (9 ans « seulement ») mais il est un peu plus élevé à 60 ans (7 ans)
Après une période la proportion de ceux qui dépassent la mortalité infantile a augmenté, nous sommes dans une période où ceux qui atteignent l’âge adulte (l’immense majorité) vivent de plus en plus vieux.
A noter, que l’INSEE publie également des données géographiques et sur les grandes zones urbaines
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