François Morel mérite t-il la peine de mort pour avoir fait du petit Jésus un raciste, méprisant les vieillards ? Heureusement pour lui, il ne vit pas au Pakistan, mais dans un pays qui prévoit la liberté d’opinion !
Dans sa chronique matinale sur France Inter, François Morel imaginait hier un petit Jésus du 21ème siècle, recevant les rois mages autour d’une galette et revendant ses cadeaux sur e-bay. C’était traité en mode Deschiens et j’ai trouvé cela drôle. J’imagine cependant que certains grincheux pourraient y voir un blasphème contre la religion chrétienne.
Justement, le Monde publie ce jour(mais ce n’est pas accessible sur Internet, peut être pour les abonnés) un article terrifiant à propos d’une loi sur le blasphème édicté il y a une vingtaine d’années au Pakistan, prévoyant la peine de mort pour blasphème contre Mahomet, et qui pourrit depuis la vie publique. Une chrétienne ayant été condamnée à mort pour ce motif suite à une dispute avec ses voisines, le gouverneur du Pendjab qui la défendait a été assassiné par son garde du corps, extrémiste islamique infiltré dans la police.
D’après l’article, 974 personnes ont déjà été condamné pour ce motif, dont environ la moitié de musulmans. Les condamnations sont souvent édulcorées en appel, mais des justiciers auto proclamés se chargent d’appliquer malgré tout la sentence : on compte déjà 34 assassinats de ce genre.
Evidemment, comme le note le journal « l’argument définitif du blasphème est invoqué à tort et à travers à des fins souvent douteuses, arme perverse brandie pour régler des comptes personnes, fonciers ou commerciaux ».
Que l’on songe chez nous aux utilisations abusives des accusations d’incestes dans les divorces ou de harcèlement dans les licenciements : on aura une idée des dérives auxquelles peuvent conduire une telle loi.
La notion de blasphème nous est devenus assez étrangère, et je pense que beaucoup de gens seraient bien en peine d’en donner une définition. Wikipédia nous en propose une : Un blasphème est un discours jugé irrévérencieux à l'égard de ce qui est vénéré par les religions ou de ce qui est considéré comme sacré.
Et au passage, Wikipédia nous signale que le blasphème a ,longtemps été poursuivi en France au point que le Chevalier de la Barre fut exécuté en 1766 pour la dégradation d’un crucifix dont la suite prouva qu’il était innocent. Voltaire en fit la cause d’un de ses combats. Le blasphème peut encore être poursuivi en Alsace Lorraine et dans plusieurs pays d’Europe, mais ne peut évidemment être puni de la peine de mort. Il est vrai que chez nous, la loi Gayssot est tout aussi discutable comme atteinte à la liberté d’expression.
L’affaire des caricatures de Mahomet au Danemark a montré toute la difficulté de concilier liberté d’expression et respect des communautés, minoritaires ou non.
Plus près de nous, l’attentat contre une église copte en Égypte et ce qu’en disait le Monde a suscité l’émoi de l’ami Koz.
Je partage en partie sa réaction, mais il me semble que la protestation ne doit pas porter sur la défense des chrétiens parce qu’ils sont chrétiens comme nous, mais la défense de ceux qui sont opprimés pour leur religion, quelle qu’elle soit, au nom des droits de l’homme.
Mais comme je le faisais remarquer chez Koz, il faut aussi que nous balayons dans notre jardin, et la discrimination des maghrébins dans l’emploi est inadmissible.
Pour finir, on peut rappeler que les évangiles disent que Jésus a été condamné par les juifs pour blasphème. Il est difficile de faire la part des choses historiques sur la responsabilité respective des romains et des juifs dans la crucifixion de jésus. Les chrétiens du premier siècle qui étaient en concurrence avec les juifs et qui recrutaient chez les romains avaient intérêt à diminuer la responsabilité de ces derniers, mais c’est bien le pouvoir romain qui avait le pouvoir de décider et d’appliquer une peine de mort. Le blasphème émis par Jésus consiste à affirmer détenir la vérité sur Dieu comme je le rappelle ici.
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