Que ce soient les communes, les départements, les régions, l’Etat ou l’Union Européenne, la situation est partout la même : l’heure est au serrage de ceinture et à la baisse des moyens. Les caisses publiques sont vides. Et il en est de même pour les divers organismes de sécurité sociale.
Les dépenses de l’Etat sont supérieures de moitié à ses recettes. Au déficit de l’Etat se rajoutent les déficits des différentes caisses de sécurité sociales, affectées par la crise alors que leur situation n’était déjà pas très favorable.
Il va bien falloir trouver des moyens pour réduire les déficits des finances publiques, arrivées à un niveau jamais atteint. Et pour cela, il n’y a pas 36 solutions : réduire les dépenses et augmenter les recettes
Bien sur, on peut toujours espérer que les recettes augmentent toutes seules, grâce à un fort taux de croissance, comme cela se passe aujourd’hui en Allemagne. Mais il ne faut pas rêver : pour l’instant, la prévision de 2% de croissance pour 2011 apparaît optimiste aux yeux de beaucoup.
Comment en est on arrivé là ? A cause de la crise, bien sûr, mais aussi à cause du niveau des déficits avant la crise, niveau qui se trouvait déjà à la limite maximale tolérée par les critères de Maastricht, limite prévue pour les périodes de bas de cycle.
Les mesures prises par Nicolas Sarkozy à son arrivée au pouvoir ont accru un déficit déjà trop important pour une période de haut de cycle : la droite renouvelait ainsi l’erreur de la gauche 8 ans plus tôt. La loi TEPA distribuait du pouvoir d’achat notamment aux acheteurs de logements, aux salariés faisant des heures supplémentaires et aux très riches à travers le bouclier fiscal. Le montant des dépenses correspondantes était prévu entre 12 et 15 milliards mais la réalité s’est située plus basse avec 7.7 milliards en 2008. Le gouvernement pouvait aussi mettre en avant l’idée qu’à travers le soutien aux heures supplémentaires il améliorait l’offre, en réduisant certains goulots de production liés au manque de main d’œuvre, par exemple dans le bâtiment.
Relancer la demande en période de ce qui est sans contestation (mais avec le recul) un haut de cycle est une très mauvaise idée. Ceci dit, la crise qui arrive un peu plus d’un an après la mise en application de la loi redonne un peu plus de sens à ces mesures, et participe de fait (par anticipation !) aux mesures de soutien de la demande qui seront prises dans le cadre du plan de relance.
Le plan de relance a évidemment largement obéré les finances publiques. Il est cependant difficile de le reprocher cette fois au gouvernement en place ; d’une part, parce que les voix qui s’élevaient à l’époque à gauche ou même au sein du FMI lui reprochaient plutôt de ne pas en faire assez (en particulier à gauche pour relancer la consommation). D’autre part parce que le ministère des finances a fait le maximum pour que les leviers utilisés soient effectivement conjoncturels et non structurels. En clair, qu’ils s’agissent de dépenses temporaires, comme des investissements, et non des dépenses durables, comme les embauches de fonctionnaires, qui pèsent sur le budget pendant 40 ans.
On peut également considérer que le gouvernement a mis en place des mesures pour baisser durablement les dépenses de l’Etat, à travers la RGPP, la mise en place effective de la T2A dans les hôpitaux et le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux.
La question qui se pose aujourd’hui est double : jusqu’où faut il aller dans la diminution des dépenses conjoncturelles et quand faut il le faire. La tentation est grande de repousser la baisse des dépenses ; D’une part en arguant du fait que la crise n’est pas terminée, d’autre part en raison de l’approche des élections.
La réalité est pourtant que nous avons quitté depuis longtemps la période de récession, que la croissance est positive depuis plusieurs trimestres et que l’emploi se met de nouveau à croître. Certes, le taux de croissance reste faible, et nombreuses sont les voix qui craignent une rechute de la croissance, en raison des difficultés américaines notamment. Le vrai effort de réduction des dépenses pourra se faire quand la croissance se situera en situation de rattrapage, donc avec un taux supérieur à sa tendance sur longue période. Mais il faut se méfier : cette tendance de longue période semble se situer aujourd’hui à un niveau bas. On y reviendra....
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