Le projet gouvernemental de réforme des retraites cacherait pour certains la volonté de couler le système pour développer la solution de la capitalisation, au bénéfice de l’intérêt des financiers. Comme quoi, pour certains, il n’y a pas de mauvais arguments pour lutter contre la réforme.
Plus les Français craindront pour le montant de leur retraite, plus ils seront prêts à souscrire à une retraite par capitalisation. Refuser le recul de l’âge de la retraite, prendre ainsi tous les moyens pour que les caisses de retraite n’aient d’autres choix que de baisser les pensions versées, participe de fait à la montée en puissance de l’offre des assureurs et des banquiers dans ce domaine. A contrario, on a du mal à comprendre comment la réforme des retraites proposée par le gouvernement, toute injuste qu’on puisse la trouver, ferait le lit des financiers adeptes du développement de la capitalisation.
Lire un article centré sur une telle « analyse » rend donc songeur, surtout quand on découvre que son auteur est un responsable de Désir d’Avenir !
Mais après tout, c’est l’occasion de dire quelques mots du système de capitalisation. Alors que la répartition consiste à distribuer aux retraités l’argent versé par les actifs cotisants, la capitalisation consiste à placer sur le marché financier les sommes versées par les actifs puis à les récupérer augmentées de ce qu’elles ont rapportées quand vient l’age de la retraite.
Chaque système a ces justifications : les adversaires de la répartition mettront en évidence le fait qu’il y a toujours un risque que les nouvelles générations refusent de payer un retour sur des cotisations qui ont en fait bénéficié à leurs grands parents, surtout s’ils craignent de ne recevoir que des miettes quand viendra leur tour. Et ils noteront que la capitalisation permet d’investir pour la croissance.
Les adversaires de la capitalisation feront remarquer que les sommes récupérées sur les marchés financiers sont en fait le résultat de la production des actifs. Ils montreront les exemples de dérive.
Tout cela est un peu vain, ce sont de toutes manières toujours les actifs qui payent pour les non actifs. Ce qui est important, c’est qu’il y ait adhésion générale autour du système utilisé, adhésion menacée chez nous par le sentiment d’injustice que provoque la multiplicité des systèmes.
Dans les années 90, les partisans de la capitalisation ont argumenté sur le fait que la capitalisation donnerait des résultats bien meilleurs que la répartition, du fait de la forte croissance des marchés financiers. Ce faisant, ils oubliaient le vieil adage boursier selon lequel les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, et ils faisaient semblant d’ignorer que les fortes hausses boursières des années 80 et 90 étaient le résultat du rétablissement de la part des entreprises dans la valeur ajoutée, part mise à mal dans les années 70, et de la désinflation qui avait fortement fait baissé les taux d’intérêts. Comme on pouvait s’y attendre, une fois que ces deux causes ont donné tous leurs effets, les marchés ont cessé de croître : c’est bien ce qui se passe depuis 10 ans.
En réalité, une part importante des retraités ont capitalisé, non pas sous la forme d’un placement financier de capitalisation, mais en devenant propriétaire de leur logement : c’est autant de loyer d’économisé. Comme le font remarquer les adversaires de la capitalisation, ce placement est assez inégal, puisque tous les retraités ne sont pas propriétaires. Ils sont cependant nombreux à être dans ce cas : en 2006, 72.4% des plus de 60 ans étaient propriétaires de leur logement (contre 57.2% dans la population) et 9 sur 10 avaient fini de rembourser leur prêt. Et ils ont souvent une importante superficie disponible par personne, du fait de la réduction de la taille du ménage avec le départ des enfants, quand ce n’est pas par le veuvage.
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